Fixée au 31 décembre 2022, la date butoir du renouvellement des permis de conduire, des cartes grises et autres autorisations de transport a été finalement prorogée au 30 juin 2023. Les autorités de la transition ont cédé aux cris du cœur des détenteurs des engins roulants à propos de ce délai qui avait suscité un énorme tollé.

La crise n’est que reportée. Sûrement ! le gouvernement de la transition a décidé de rapporter le date butoir du renouvèlement des permis de conduire, cartes grises et tout ce qui est lié aux engins roulants en Guinée. Pourtant, il tenait à l’application stricte de cette mesure que tous les services de police impliqués dans cette opération étaient en alerte et n’attendaient que le 1er janvier, pour commencer à sévir contre les « réfractaires ». Mais ils se sont vus obligés de se plier face à la conjoncture très pesante de la population, en reportant la mesure à juin prochain. Un geste de bonne foi ou une simple volte-face ? Pour le Secrétaire général de la fédération syndicale des transports et mécanique générale, le report est le fruit de beaucoup de négociations : « Ce sont les démarches du syndicat qui ont abouti à ce report. Ce n’est pas fini certes, mais nous allons nous contenter de cela, en attendant la suite des négociations. Elles peuvent bien se poursuivre. Nous espérons que le CNRD va bien penser à sa population. Nous sommes contents pour le moment et remercions très cordialement le ministre des Transports qui nous a convaincus ».

Les négociations entre les parties concernées certes, mais les autorités de la Transition qui ont senti le vent tourner, n’ont sûrement pas voulu prendre le risque de se mettre à dos les détenteurs d’engins, notamment les chauffeurs de taxi urbains et interurbains. Bien d’entre eux clamaient d’ailleurs fin novembre 2022, leur incapacité de se conformer aux nouvelles règles à cause des prix qu’ils jugent exorbitants par rapport à leurs revenus, mais surtout à cause de la cherté de la vie : «Quelqu’un qui a du mal à avoir 100 000 gnf par jour peut penser à un permis de 9 000 000 ou 1 000 000 de francs guinéens ? Je vous dis qu’aucun chauffeur n’est en mesure de le faire. Ce qui nous préoccupe actuellement, c’est la survie de nos familles», expliquait Mamadou Dian Barry. Cette décision des autorités ne fait juste que retarder les conflits entre chauffeurs et forces de sécurité : « Les policiers n’attendaient que le début de l’année pour tomber sur les chauffeurs. Les conflits deviendront de plus en plus récurrents parce qu’il est évident que cela ne marchera pas. Moi, je préférerais plutôt vendre ma voiture».

Les transporteurs n’excluent toujours pas de paralyser le secteur, pour faire entendre raison au gouvernement. Pour avoir le précieux sésame, il faudra débourser entre 900 000 et 1 500 000 francs guinéens, selon le type du véhicule.

Yacine Diallo