Mardi 10 janvier 2023, 34ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, 8ème jour de comparution de Moussa Dadis Camara, renvoyé devant le tribunal criminel pour, entre autres, complicité de meurtre, assassinat, incendie volontaire, pillages. Contrairement à hier lundi 9 janvier, c’est un Moussa Dadis Camara nerveux qui a comparu ce mardi 10 janvier. Non seulement, il a esquivé les questions des avocats, il a essayé d’intimider les avocats. «Maître, faite attention à ce que vous dites, nous sommes dans un procès pénal. Ce que vous dites doit être prouvé ».
Toute question qui le ramène à sa responsabilité de chef de l’Etat, le met sur les nerfs. D’où les réponses du genre : C’est vous qui le dites, je n’ai pas de réponse ou encore j’ai déjà répondu à la question. A une question de Maître Halimatou Camara concernant la prise en charge des blessés, l’accusé a répondu sagement que ce qui était important qu’à Donka, les blessés étaient en sécurité. «A Donka, les blessés n’ont pas eu de problème, contrairement à ce que vous pouvez croire ». L’avocate de poursuivre qu’à Donka des malades ont été traqués, violentés, séquestrés, certains ont disparu d’ailleurs. Vous monsieur le président, vous étiez au courant ? Moussa Dadis pense que la question n’est pas précise avant de dire que le ministre de la Santé à l’époque Abdoulaye Chérif Diaby s’était rendu au camp, il a fait ce qu’il pouvait faire. Comme il n’y était pas, il était important pour lui de prendre des dispositions par rapport aux leaders politiques et aussi les blessés. Ce qui s’est passé, ce serait indépendamment de sa volonté.
A la question de savoir s’il avait demandé de faire une enquête interne sur les éléments qui étaient sous le commandement du ministre de la Sécurité, l’accusé répond qu’il n’a pas besoin de donner des instructions à son ministre de la Sécurité, ajoutant que celui-ci était lui-même capable de dire à ces éléments de ne pas user des armes à feu. « C’est largement suffisant », affirme-t-il. Maître Halimatou rétorque qu’elle ne pense pas que cela soit largement suffisant lorsqu’il y a eu 157 morts, en tant que Président, Dadis devait connaître le stock des armes, la quantité de celles utilisées pour situer les responsabilités. Ces vies humaines n’étaient pas importantes? demande l’avocate. Dadis répond que les mesures prises par le ministre de la Sécurité étaient importantes. Maître Halimatou dit que ce n’était pas suffisant, ajoutant que les Guinéens n’étaient pas en sécurité. Dadis s’énerve, dit que l’avocate ne commande pas la barre et exige de l’avocate des questions précises et d’affirmer : «Même si vous n’êtes pas à la barre, chacun à son droit s’il vous plait, vous n’avez pas le commandement de la barre, vous n’êtes qu’avocate, je suis accusé, c’est ce que vous devez savoir. Je ne suis pas votre sujet », réplique Dadis. L’avocate rétorque qu’elle n’est pas non plus un sujet de capitaine Dadis. Face à la « dispute » qui perdurait, le Président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara, pour dire à Dadis non seulement de ne pas commenter les questions mais de ne pas se presser à les répondre.
Parlant de sa responsabilité, un avocat qui lisait les PV d’une des victimes qui racontait des atrocités qu’elle avait subi, Moussa Dadis Camara, avec un ton impératif, répond de ne pas le « compromettre », parce que tout ce que l’avocat lisait était écrit par les greffiers. Le président du tribunal intervient encore pour rassurer Dadis, pour qu’il se calme. Mais l’accusé s’enflamme, répondant à l’avocat, qui lui a dit qu’il est mis en cause. Dadis essaie mmême de recadrer l’avocat : « Je ne suis pas mis en cause, si vous ne connaissez pas le droit pénal, dites-le».
Le président suspend alors l’audience, qui a repris 2 heures après, avec les questions des avocats de la défense.
Ibn Adama