Après 15 jours, l’audition du capitaine Moussa Dadis Camara a pris fin ce mercredi 25 janvier au 41ème  jour du procès du massacre du 28 septembre 2009. Durant un mois, l’accusé a réfuté toutes les accusations contre lui, à savoir : complicité de meurtre, d’assassinat, coups et blessures volontaires, viol, pillages incendie volontaire etc.

L’ancien putschiste affirme que tout ce temps, aucune partie au procès n’a pu le confondre aux faits. Ce 25 janvier, il a fait face à ses avocats qui ont répliqué aux parties adverses qui l’avaient assommé de questions pour le confondre. «Nous allons défaire ce montage », a indiqué Maître Pépé Koulémou, l’un des avocats de Dadis, parlant de la « supposée présence » de Moussa Dadis au complexe Marocana près du stade, le jour du massacre, ‘’révélé’’ par les avocats de Toumba Diakité devant le tribunal. D’ailleurs, l’accusé Dadis qualifie cela de « non-événement, de montage pur et simple des allégations non fondées ». Me Koulémou soutient que c’est le complot qui a commencé lorsque Dadis était au pouvoir continue jusqu’à présent.

«Toutes ces allégations portées contre moi, l’objectif recherché est de ternir mon image. Comme ils n’ont obtenu aucune preuve tout ce temps, ils ont essayé d’inventer ce complot », affirme Dadis. A la question de savoir ce qu’il demande au tribunal sur son sort, Moussa Dadis Camara déclare : «J’ai la ferme conviction que le président du tribunal fera la lumière sur cette affaire. Consciencieusement, je n’ai donné aucun ordre à quelqu’un d’aller au stade. Mon seul adversaire, c’est Aboubacar Toumba Diakité qui a dit que ce n’est pas Dadis Camara qui lui a donné l’ordre. Il ne m’a pas vu donner des ordres. »

Abondant dans le sens de défaire l’argument des avocats de Toumba selon lesquels Moussa Dadis était au complexe de loisir Marocana le jour du massacre, Maitre Jocamey Haba a voulu démontrer l’impossibilité de son client Dadis de quitter le camp Alpha Yaya ce jour du 28 septembre 2009.  « On ne peut pas survoler la cour du camp. Pour sortir, il faut obligatoirement passer par les 7 barrières », souligne l’avocat. Est-ce que vous connaissez Charly Lumu ? Dadis de répondre : « Non, je ne le connais pas. Un montage simple. Pendant ces 15 jours d’audience, aucune preuve n’a été envoyée ici. Personne n’est venue dire ici que j’ai donné des ordres ».

De l’épisode camp Koundara ?

Pour la première fois, le capitaine Moussa Dadis Camara a accepté d’expliquer ce qui s’est passé au camp Koundara le 3 décembre 2009, lorsque son ancien aide de camp, Aboubacar Toumba Diakité, a tiré sur lui. Tout est parti lorsqu’il a été informé que son « Petit Toumba » est allé tirer à la gendarmerie (du PM3, basé alors à Kaloum). Ainsi, il a décidé de se rendre au camp Koundara (Kaloum- quartier Boulbinet), pour lui demander des comptes. «Quand je suis arrivé, il n’y a pas les honneurs, il m’a dit d’entrer dans un bureau, j’ai dit : je peux entrer ici, il n y a pas eu des honneurs. Comme il était assis de l’autre côté, j’ai demandé : qu’est-ce que vous faites ? Ce que vous faites, ce n’est pas bon. Quand Makambo, qui n’était même pas dans le cortège, a appris que je me dirigeais vers  le camp Koundara, il est venu. A peine que j’étais avec Toumba, puisque dans l’armée le port du béret est un règlement, j’ai dit comment vous  portez le béret ? Je voulais arranger le béret, quand cela s’est passé. Je lui ai dit : lève-toi, on va aller au camp Alpha Yaya. Ce que vous êtes en train de faire, ce n’est pas bon. Au même moment, j’ai entendu une discussion derrière moi, je retourne, je vois, paix à son âme, feu Joseph Makambo qui discutait avec feu Beugré qui détenait un pistolet. J’ai demandé : qu’est-ce qui se passe ? Il a dit : monsieur le Président, vous ne pouvez pas échanger avec Toumba et qu’il sorte le revolver. J’ai banalisé. Après Toumba s’est levé, on a commencé à aller, il a dit monsieur le Président vous savez que je suis votre petit sûr. Dès qu’on est arrivé près du bureau de feu Beugré, j’ai dit je ne peux pas entrer dans un tel bureau. On marchait, il s’est arrêté, je me suis arrêté, j’ai tourné la tête, j’ai vu un coup de feu. Quand feu Joseph Makambo a vu ça, il est venu, j’étais à terre. Le jeune Mansaré est venu m’appeler, j’ai répondu. Il me dit : « Je vais te sauver ». Je ne sais pas comment le jeune m’a extirpé pour m’envoyer à 30 m de là où les évènements se passaient. Pendant ce temps, feu Joseph Makambo luttait avec son équipe. Ceux qui sont venus m’accompagner n’ont pas réagi. J’ai dit : envoyez-moi au camp Samory. De là l’hélico est venu me prendre pour m’envoyer à la base. De là, on m’a envoyé au camp. Arrivé là-bas, j’ai marché, moi-même, pour entrer dans mon bureau. Le dernier mot que j’ai dit : Toumba, tu oses me trahir? »

Mamadou Adama Diallo