Ce 22 février, le procès de Patrice Lamah, Daniel Lamah, Sebory Cissé et Célestin Millimono (en cavale), présumés bourreaux de M’Mah Sylla, a repris au Tribunal de première instance de Mafanco. Tous médecins sont poursuivis pour viol, avortement, risque causé à autrui et administration de substances nuisibles, sur la base des articles 262, 268 et 266 du Code pénal.
« Je suis enceinte »
Fatoumata Korka Koulibaly, mère de M’Mah Sylla, la quarantaine bien sonnée, tenante d’une cafétéria, témoigne que la première opération a eu lieu dans une clinique de Patrice Lamah, à Entag. Selon elle, c’est là qu’elle a vu pour la première fois Patrice Lamah, le présumé auteur du viol et de la grossesse de M’Mah Sylla. Et d’enchaîner que sa fille aurait passé une semaine à la maison après sa première opération, avant d’être transférée à la clinique de Dr Sébory Cissé.
« Dans la clinique, on a fait entrer ma fille dans le bloc opératoire. On a dormi sur les lieux, on est rentré le matin. Le lendemain, je suis revenue et restée avec elle jusqu’à 18 heures. Dr Sebory Cissé lui a donné des calmants (c’est-à-dire un antalgique Ndlr) », explique la mère de M’Mah Sylla. Auparavant, elle déclare que Dr Cissé lui a dit qu’il ne peut pas opérer sa fille sans signature. « J’ai dit que je ne peux pas signer, son papa est vivant. Finalement, j’ai eu le courage de signer. Dr Cissé a fait son travail et je suis restée jusqu’à 22 heures. Je suis revenue le lendemain à 7 heures. On est restés à son chevet deux semaines durant. Elle a souffert. Un jour, elle a dit qu’elle veut me voir. Elle m’a dit que son cœur est détaché. Elle m’a confié qu’elle est en grossesse. Qui t’a mise enceinte ? lui ai-je demandé. Elle me dit que c’est Patrice Lamah… »
Passage aux aveux
Fatoumata Korka Koulibaly explique que c’est à partir de là qu’elle a vu Patrice Lamah. Selon elle, ce médecin aurait reconnu être l’auteur de la grossesse, mais n’envisagerait point d’avortement. « Je suis sortie, pleurer dehors. « Quand j’ai aperçu Patrice Lamah, il m’a dit que c’est lui qui a enceinté M’Mah Sylla. Je suis restée longtemps à son chevet. J’ai menacé que si Patrice Lamah ne prend pas ma fille pour l’amener à Ignace-Deen, je vais renter avec elle. Les travailleurs de Dr Cissé m’ont déjà dit que leur patron ne peut pas soigner M’Mah Sylla. Son père ne fait que crier. Dr Cissé a dit qu’elle n’a pas été violée, elle a fait un avortement », raconte la mère de M’Mah Sylla, ajoutant qu’il y a eu trois opérations de sa fille dans la clinique de Dr Sebory Cissé.
L’étape d’Ignace-Deen
« A Ignace-Deen, ils ont fait entrer M’Mah Sylla dans le bloc opératoire. Il se trouvait déjà que le ventre de ma fille est détaché (les sutures ont cédé Ndlr), les intestins étaient sortis. Je n’ai pas pu entrer dans le bloc. Quand on l’a opérée, Patrice Lamah m’a appelée et je me suis rendue à l’hôpital. Je suis restée assez longtemps avec elle… », raconte Fatoumata Korka Koulibaly qui déclare que toutes les ordonnances ont été achetées par Patrice Lamah. « Malgré le fait que ses parents soient malades, Patrice Lamah a tenu à rester avec nous », explique-elle.
L’interrogatoire de Mme Fatoumata Korka Koulibaly se poursuit.
M’Mah Sylla est décédée en novembre 2021 en Tunisie à la suite des viols corolaires d’une grossesse ayant entraîné sept opérations chirurgicales dont cinq en Guinée. Les circonstances des crimes et l’ampleur des dégâts ont fait couler encre et salive.
Yaya Doumbouya