Le procès de Néro Lancinet Camara, accusé pour des faits de «viol, harcèlement», a repris mardi 21 février, au tribunal de première instance de Mafanco, commune de Matam.
Comme annoncé par Mme Bamba Kallo, présidente du tribunal, lors de la dernière audience, la fondatrice de l’orphelinat Hakuna Matata, Laurence Rouyer était à la barre ce matin.
Dès l’entame, Mme Rouyer a réfuté l’accusation de son ex-époux qui dit l’avoir surprise avec un encadreur de l’orphelinat. Selon elle, entre Philippe et elle, il n’y a que des relations professionnelles.
« Ce n’est pas la première fois que mon ex-mari me traite d’infidèle. Depuis notre mariage, j’ai renvoyé plus de six éducateurs qu’il me soupçonne avec. Il fouille systématiquement mon téléphone derrière moi. J’ai même porté plainte contre lui dans un poste de police qui se trouve à Dabompa. Mais la plainte n’a jamais abouti », explique-t-elle au tribunal. A la question de savoir, si elle avait insisté pour que sa plainte aboutisse, Dame Rouyer répond par la négative.
Pour sa part, le procureur, Kanfory Ibrahima Camara, fait remarquer qu’un orphelinat doit être un centre qui reçoit des orphelins et des enfants déshérités, non un centre qui aide uniquement à des enfants, pour voyager à l’extérieur. Mme Laurence Rouyer en réponse indique qu’il y a trois orphelins dans son centre, les autres ont des parents, mais qu’ils sont également pris en charge par l’orphelinat. Le procureur rétorque que ce nombre est insignifiant et que l’orphelinat « Hakuna Matata » est un centre d’accueil non un orphelinat.
Le procureur lui pose la question pourquoi avoir attendu qu’il y ait eu une altercation entre son époux et elle, pour que ses filles traitent Néro Lancinet Camara de violeur, pourquoi ne l’ont-elles pas fait auparavant ? « Je ne sais pas, peut être que c’est une coïncidence. Peut-être que leur papa (Nero) les interdisait de dire la vérité. Ou bien elles l’ont fait par peur, M. le procureur. »
Le procureur dit que si c’était une seule fille qui accusait Nero de l’avoir violée, cela serait compréhensible, mais le fait que ce sont plusieurs filles et de surcroît qui n’ont dénoncé leur viol que quand qu’il y a eu altercation entre les deux conjoints, « l’affaire reste à vérifier ».
Réactions des avocats
A la sortie, l’avocat de la partie civile, Me Modibo Camara, a déclaré que les questions posées à sa cliente étaient hors cadre. « Le seul bémol dans cette audience, c’est le fait que les questions posées par non seulement par le ministère public, mais aussi par l’un des assesseurs de madame la présidente soient essentiellement axées sur la régularité des documents administratifs de l’orphelinat Hakuna Matata et sur le statut d’orphelinat ou du centre d’accueil. Alors que ce procès porte essentiellement sur le viol et d’attouchement sexuel. Je m’attendais à ce que les questions soient posées à madame Laurence sur les faits qui ont été portés devant le tribunal criminel. Globalement, j’estime que madame Laurence a apporté d’amples informations qui pourront très certainement édifier davantage le tribunal criminel ».
La défense réplique
Pour la défense assurée par Me Sidiki Bérété, les arguments de Mme Rouyer ne tiennent pas. Selon lui, elle a fait des montages pour gagner la bataille contre son client. « L’arrivée de madame de la partie civile, c’est contre-productif. Quand vous voyez la décision du divorce, Nero est son 3ème époux. Elle a divorcé avec le père de ses enfants, le deuxième a été accusé de viol, Nero aussi a aussi subi le même sort que le deuxième. Le jugement de divorce se repose uniquement sur l’attouchement, c’est le montage de madame. Cinq certificats pour des cas de viol pour le même jour, même contenu. Ça, c’est du simple pouvoir chimérique de cette dame. Elle a reconnu qu’elle a fait des montages, elle a fait des machinations, elle est passée par une chimère (…) Elle est en train de commercialiser ces pauvres enfants (…) », a-t-il dénoncé.
La prochaine audience est renvoyée au 7 mars, pour la comparution des victimes.
Kadiatou Diallo