Gangrené par des crises en répétition, placé sous le contrôle d’un Comité de normalisation depuis le 29 novembre 2021, la Fédération guinéenne de football (Feguifoot), ne s’en sort toujours pas. À peine installé, le Conor est engagé dans un bras de fer interminable avec les membres statutaires de la Fédération. Ces derniers exigent le départ du Conor, la tenue d’un congrès électif avant septembre 2022 et menacent de boycotter le football guinéen à tous les niveaux. Après plus d’une année de gestion, les choses ne s’arrangent toujours pas à l’instance dirigeante du football guinéen.

Jeudi 2 février, invitée de l’émission GG de la radio Espace, Mariam Sy Diallo, présidente du Comité de Normalisation de la Fédération Guinéenne de Football, souligne que si une solution de sortie de crise n’est pas trouvée dans un bref délai, la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération international de football (FIFA) menacent de se retirer du pays. Conséquence, la Guinée se verra éjecter de toutes les compétitions internationales de football.

Sur le plan économique, la Guinée perdra gros. La patronne du Conor révèle qu’à son arrivée à la tête de la Fédération, elle n’a quasiment pas trouvé de fonds dans les caisses. Pire, «la Fédération était endettée à plus de dix milliards de francs guinéens, soit environ 10 millions d’euros ». Pourtant, ne serait-ce que ces quatre dernières années, la FIFA a accordé plus de dix millions de dollars à la Guinée, et trois autres millions de dollars pour trois centres techniques. Elle s’étonne sur la gestion de ce fonds : « Sur les faits, tu ne vois rien de concret. Si vous prenez la construction des centres de formations régionaux, c’est une déception totale. À Nongo, ce n’est pas la grande satisfaction, le centre de Labé délocalisé à Kindia pour des raisons pas forcément valables. À Nzérékoré, il n’y a rien de concret sur le terrain. Il y a eu un véritable problème de gestion de l’ancienne équipe ».

Un éternel recommencement

Alors que son mandat du Conor expire le 30 juin 2022, l’instance dirigeante du football l’a prorogée jusqu’au 30 avril 2023. Une fois encore, les acteurs du football guinéen menacent de boycotter la reprise du championnat national. En manque de solution après plusieurs tentatives de médiation, le 24 août 2022, le Conor annonce la révocation avec effet immédiat de la Ligue guinéenne de football professionnel (LGFP), à sa tête Général Mathurin Bangoura, pour mauvaise collaboration.

Le 29 août 2022, le Conor installe un bureau provisoire présidé par Lucien Beindou Guilao, ancien international guinéen et président du club Athéltic de Coléah à la LGFP. Mathurin jure de ne pas se laisser faire Le 15 septembre, il saisit le Tribunal arbitral du Sport (TAS), avec une procédure accélérée pour être rétabli dans ses droits. Le TAS adresse un courrier au Comité de normalisation pour l’informer de la procédure engagée par le président du bureau révoqué de la Ligue guinéenne de football professionnel. Le verdict du TAS encore attendu.

Enterrer la hache de guerre

Afin d’éviter l’abandon de la CAF et de la FIFA, la présidente du Conor tend la main aux acteurs du football guinéen. Elle dit vouloir également une sortie de crise dans un bref délai et empêcher que la Guinée ne soit livrée en elle-même. Elle rappelle que la Fédération ne peut pas recevoir de soutien financier de la part de la FIFA, jusqu’à ce que le prochain président soit installé. «Venez, on va discuter pour sortir de cette crise. Le Conor va adresser dans les jours à venir des courriers aux responsables des clubs guinéens, pour les inviter à nouveau au tour de la table de dialogue, après le rejet des statuts par les membres statutaires lors la dernière Assemblée Générale extraordinaire de la Fédération ».

Elle promet que son Comité n’a pas l’intention de s’éterniser à la Feguifoot : « Le Conor n’est pas le problème. Nous sommes venus parce qu’il y a un problème. Nous devons régler ce problème et partir, car on a autre chose à faire ».         

Abdoulaye Pellel Bah