Entre Charles Wright et Mohamed Mara, c’est la « guerre». Le Garde des Sceaux veut poursuivre le chroniqueur des GG, de la radio Espace pour « diffamation ». Ce dernier, veut traduire le ministre en justice pour « abus d’autorité».

Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme a entamé, mi-janvier, une tournée  dans les buissons de l’intérieur. Charles Wright voulait ainsi toucher du doigt le quotidien des cadres(en bois) de son département, celui des prisonniers, mais surtout constater l’évolution des chantiers lancés par le département de la Justice. De Kindia à Kankan, en passant par Mamou, Faranah, Kissidougou, Nzérékoré, Beyla ou encore Ziguiri, il a découvert des conditions de détention exécrables des prisonniers. Il en a profité pour mettre en garde plusieurs administrateurs des centres de détention et démettre d’autres. Mais son périple fait beaucoup jaser depuis quelques jours. La cause, le coût jugé élevé de la mission. A Kankan seulement « les frais de séjour de Charles et sa suite auraient avoisiné les 100 millions de francs glissants». Pire, ce fric aurait été mis à la charge des hommes en robre et autres cadres du département travaillant dans les agglomérations où le ministre a séjourné. Ces révélations faites par Mohamed Mara, chroniqueur dans l’émission des Grandes Gueules de la radio Espace FM, n’ont pas été du goût du ministre. Le 9 février, il a enjoint le parquet général près la Cour d‘appel de Cona-cris d’engager des poursuites judiciaires contre le journaleux et son patron Lamine Guirassy, pour propos « diffamatoires et injurieux» à son encontre et à l’encontre du ministère de la Justice. Charles Wright garde en travers de la gorge les supposées ou réelles factures assez salées attribuées à sa délégation, notamment lors de leur passage dans la préfecture de Kankan : « Il ressort des propos du journaliste que les magistrats ont été obligés de payer les factures liées à la prise en charge hôtelière de la délégation ministérielle depuis Mamou jusqu’à Kankan dont les factures s’élèveraient à 97 000 000 GNF. Il soutient en outre qu’à Mamou, les magistrats ont été obligés de débourser 14 000 000 GNF et qu’un bâtiment privé a été pris en location à Kankan pour une somme de 8 000 000 GNF ». Ces infos, selon le Garde des Sceaux, seraient totalement erronées.  Charles Wright accuse Mohamed Mara de « fouler au sol l’éthique et la déontologie» du métier de journaliste dans ce dossier « dans la seule optique de ternir l’image de tout un département».

Le parquet général s’exécute

Au lendemain de cette injonction, le procureur général, Yamoussa Conté, a, à son tour, accéléré les choses contre le chroniqueur d’Espace fm. Il demande au parquet de Mafanco d’ouvrir une « enquête préliminaire par la saisine de la Direction centrale de police judiciaire et de nous rendre compte sur la suite de la procédure». Il veut ainsi prouver le caractère « injurieux et diffamatoire » des propos incriminés.

Mohamed Mara ne se laisse pas impressionner

La bataille judiciaire entre le Garde des Sceaux et le journaleux est loin de se terminer. Mohamed Mara ne compte pas rester les bras croisés et attendre la plainte du ministre. Il décide de poursuivre Charles Wright pour « abus d’autorité». Il estime que Charles Wright est en train d’utiliser la justice pour régler des comptes personnelles : «Aucun ministre, fût-il Garde des Sceaux, n’a droit d’utiliser les moyens de l’Etat pour ses propres intérêts. Charles Wright, n’est pas l’Etat, il ne peut l’engager non plus à son service. On sert l’Etat, on ne s’en sert pas. Vouloir ainsi user des muscles de l’État guinéen dont il n’est qu’un serviteur, est justement le type de comportement que tout Guinéen doit dénoncer et combattre de toutes ses forces». Mohamed Mara qui pense que Charles Wright devait plutôt privilégier la voix de la citation directe, espère que le ministre ne se « dérobera pas à son devoir de  comparaître et de s’expliquer sur les motivations profondes d’une telle violation de la loi». Sur son indépendance de ton, le chroniqueur est sans équivoque : « Charles Wright ne m’anéantira pas».

Yacine Diallo