Inquiétant pour Ibrahima Kassory Fofana, saisi d’un malaise à la Maison centrale de Coronthie, dimanche 19 février. L’ancien Premier ministre a été admis à la clinique Pasteur.

Incarcéré en avril 2022 pour détournement présumé de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, Ibrahima Kassory Fofana commence, à son tour, de faire la navette entre prison et hôpital. A l’image d’Amadou Damaro Camara et Mohamed Diané, respectivement ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de la Défense nationale. Pour maux de ventre, Ibrahima Kassory Fofana a été transféré à la clinique Pasteur, à la demande du ministre de la Justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright.

«Le 19 février, le prévenu s’était plaint des maux de ventre, le médecin l’a examiné. Il avait estimé un problème alimentaire qui entraînait des maux de ventre, la tension était à 16.10. J’ai demandé aussitôt au directeur de l’administration pénitentiaire de le transférer à la clinique Pasteur pour pousser les examens médicaux. Dès son arrivée à la clinique, je me suis rendu à son chevet et j’ai eu au préalable un entretien avec le corps médical qui m’a assuré que son état n’est pas alarmant. Il a été décidé, suivant le protocole médical de le soumettre à des examens approfondis pour s’assurer de sa pathologie ».

Le ministre a confié qu’Ibrahima Kassory Fofana «m’a témoigné de sa satisfaction à ma visite, m’a assuré qu’il va bien. Les premiers soins administrés ont permis de stabiliser sa tension à 13, ainsi que la cessation des vomissements. Il ne souhaitait pas que l’information soit relayée par la presse. Très malheureusement, les colporteurs de la crise et du dénigrement ont voulu utiliser cette nouvelle pour tenter d’intoxiquer l’opinion, d’où les présentes précisions.»

Et Alphonse Charles Wright de clamer que son département «a toujours veillé au respect des droits des détenus, surtout celui lié aux soins médicaux. Il continuera à apporter tous les soutiens nécessaires pour le respect de ces droits ». Ce qui étonne, Me Sidiki Bérété, des avocats de l’ancien PM, qui plaide depuis juillet 2022 l’évacuation sanitaire à l’étranger de son client. En vain. «Cela fait un an qu’il n’a pas fait son contrôle médical».  

Dans la soirée du 19 février, son état serait stabilisé, Ibrahima Kassory Fofana a été reconduit à la Maison centrale, de même que sa mise en liberté ou l’ouverture de son procès.  

A quand s’ouvre le procès ?

En conférence de presse, le 3 février, le collectif des avocats des anciens dignitaires a estimé que leurs clients ne seront point jugés avant la confirmation de leur mise en liberté par la Cour suprême, où la cassation qu’attend le collectif souffre depuis juillet 2022. A préciser qu’Ibrahima Kassory Fofana a bénéficié de quatre mises en liberté, sans succès, depuis son incarcération en avril 2022.

L’instruction bouclée en janvier dernier, la Chambre de l’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et financière (Crief) a renvoyé Ibrahima Kassory Fofana, Mohamed Diané et Oyé Guilavogui devant la Chambre du jugement. Le parquet de la Crief, chapeauté par Aly Touré, poursuit l’ancien PM de détournement présumé de quinze milliards de francs guinéens, dans le budget de l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (Anies). Ses avocats ont interjeté appel devant la Chambre spéciale de la Crief. En clair, ils exigent la mise en liberté de leur client avant l’ouverture du procès.

Yaya Doumbouya