Le trio RPG arc-en-ciel, l’UFR et l’ANAD a fini par porté son soutien au FNDC. Les trois partis ont appelé leurs militants à se joindre au mouvement dissout pour la manifestation que celui-ci a projeté pour le 16 février. Mais leur déclaration en dit long sur leur frilosité. Le document n’a été signé par personne. Ce qui lui donne le caractère de tract.

Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où ces partis savent que non seulement ils rejoignent un mouvement illégal au regard de la loi mais eux-mêmes se retrouvent sur la ligne de mire. Reste à connaitre la suite de ce bras de fer qui s’annonce après une pause dans les manifestations politiques.

Avant même cette journée test, on peut tirer quelques enseignements du retour du spectre de manifestations et ses corolaires de répressions. Tout d’abord, on se rend compte que malgré l’arrestation et l’incarcération des principaux responsables du FNDC et l’exil d’autres, le mouvement n’est pas encore décapité. Même s’il faut attendre d’en voir l’ampleur de la manifestation avant de tirer une conclusion définitive.

Puis, il n’est pas honorable pour les grands partis politiques, tous à couteaux tirés avec la junte, d’attendre que le mouvement social appelle à manifester pour le rejoindre. Particulièrement pour le RPG arc-en-ciel. Pour cette formation politique ce n’est ni honorable ni acceptable d’emboiter le pas au FNDC. Cela, pour plus d’une raison.

Ce mouvement est en partie responsable de son malheur. Sans la résistance du FNDC et des autres mouvements socio-politiques, il aurait été difficile à l’armée de trouver une excuse pour renverser le président Alpha Condé. En outre, le RPG ne devait pas permettre que quelqu’un d’autre appelle à manifester avant-lui. Il devait le faire pour, sinon exiger le rétablissment de son président, tout au moins la libération de ses principaux lieutenants.

Mais il n’y a pas que le RPG. Les deux autres partis, non plus, ne devaient pas jouer le second rôle dans le combat pour un retour à l’ordre constitutionnel. Surtout l’UFDG qui n’a pas fléchi un seul instant pendant les 11 ans de règne d’Alpha Condé. Aujourd’hui on a l’impression que ce parti est en train de capituler. Quant à l’UFR, il a soufflé le chaud et le froid ces dix dernières années. Tantôt allié tantôt adversaire du RPG.

Enfin les trois partis qui revendiquent près de 95% de l’électorat guinéen ont désormais le choix entre la résistance et la disparition. Comme ce qui se passait du temps du président Conté où les partenaires de la Guinée disaient que c’est aux Guinéens de se laver le ventre pour qu’ils les aident à laver le dos, il va falloir que les partis politiques les plus représentatifs sortent de leur torpeur pour se faire entendre.

L’histoire de la Guinée de ces dernières a prouvé qu’aucun changement n’est possible sans un sacrifice. S’il y a eu une parenthèse civile entre Moussa Dadis Camara et Mamadi Doumbouya c’est grâce à un certain 28 septembre 2009. Il n’est évidemment pas souhaitable de rééditer ce sacrifice horrible, mais encore une fois les militaires ne rendront jamais le pouvoir aux civils dans un plateau d’argent. D’autant plus que, contrairement à hier, les partis politiques d’aujourd’hui sont profondément divisés.

Certains pensent que le seul moyen pour eux d’accéder au pouvoir, c’est d’en exclure d’autres. D’autres aussi savent pertinemment qu’ils n’auront jamais le pouvoir et souhaitent par conséquent que ce pouvoir soit confisqué par l’armée. Jaloux qu’ils sont de voir d’autres leaders drainer des milliers voire des millions de personnes derrière pendant que, eux, ne peuvent même pas mobiliser tous les habitants de leur village.

Habib Yembering Diallo