Jeudi 16 février, le Front national pour la défense de la constitution FNDC a appelé à une manifestation dite « pacifique et citoyenne » dans le Grand-Conakry. Il exige l’ouverture d’un cadre de dialogue fécond, la libération des détenus politiques incarcérés depuis plusieurs mois à la maison centrale de Conakry et le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Cette marche s’est rapidement transformée en manifestation de rues à plusieurs endroits de la capitale dès la veille. Une situation qui s’est poursuivie tout au long de la journée du jeudi notamment sur l’autoroute LePrince.
À la fin de la journée, aux environs de 20 heures, la commission d’organisation de la manifestation a dressé un bilan provisoire dans lequel il déplore deux cas de morts par « armes de guerre ». Il s’agit d’Ibrahima Diallo, âgé de 16 ans, atteint à l’abdomen à Sonfonia gare 2, et a succombé à ses blessures quelques heures après. Abdoul Karim BAH, 19 ans, également atteint « par balles » à Hamdallaye-Concasseur.
Selon le FNDC, cinquante-huit autres personnes ont été blessées, dont certaines « atteintes par balles ». Selon le FNDC, cinquante-huit autres personnes ont été blessées, dont certaines « par balles ». « On dénote aussi des expéditions punitives et d’incursions dans des domiciles privés, des actes de pillages et d’injures publiques proférées par les forces de défense et de sécurité à l’encontre des riverains et des militants pro démocratie ».
Le bilan contradictoire de la police
Dans la même soirée du jeudi 16 février, la direction de la police nationale a publié un bilan et présenté des chiffres très différents de ceux du FNDC. Dans son rapport, lieutenant-colonel Mory Kaba, directeur adjoint des relations publiques et de la communication du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile indique que dans la nuit du 15 au 16 février, « huit érections de barricades par des loubards ont été dénombrées notamment aux ronds-points de la T7, T5 Bambeto, à Wanindara, à Simbaya rail, à Bawa Rail, à Nongo ainsi qu’à Bambeto, à 00 heure 31mn ».
Pour ce qui est de la journée du jeudi 16 février, Mory Kaba note quatre érections de barricades par des loubards à Simbaya rail à 10 heures, 12 heures et à 14 heures 13mn, à Bantounka à 12 heures 45mn. Il explique que sept agents des forces de l’ordre dont six policiers et un gendarme ont été blessés dans la nuit du 15 au 16 février. « Sept individus ont été interpellés par la police sur la route LePrince. Plusieurs véhicules des forces de l’ordre et de civils ont été caillassés par les loubards ».
Une manifestation réussie ?
Au moment où Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la planification du FNDC, se targue d’une manifestation réussie dont les objectifs ont été atteints, la police nationale indique que la manif du 16 février « n’a pas été complètement suivie dans le grand Conakry et à l’intérieur du pays hormis la route LePrince où des accrochages ont été signalés entre forces de l’ordre et manifestants occasionnant la paralysie des activités ». Elle s’inscrit en faux contre les propos du FNDC et précise que partout ailleurs, la circulation était normale et les citoyens vaquaient librement à leurs occupations habituelles. « A l’intérieur du pays, aucun incident lié à la manifestation n’a été signalé », a-t-il insisté. Faut-il rappeler que la manifestation ne concernait que le Grand-Conakry ?
Alors que le FNDC accuse le Général Balla Samoura, Haut Commandant de la Gendarmerie nationale, de distribuer des billets de banque à des jeunes contre-manifestants pour contrecarrer ses plans, à son tour la Police nationale indique que « les organisateurs de cette manifestation soutenus par certains partis politiques (UFDG, UFR, RPG….) auraient distribué de l’argent aux jeunes loubards pour troubler l’ordre public ».
Abdoulaye Pellel Bah