Dans la soirée du 17 février, Mamadou Kenda Doumbouya, blessé pendant la manifestation du FNDC, a succombé à ses blessures. Il s’ajoute aux deux autres jeunes tués par balles la veille. Ce bilan, particulièrement lourd, crée l’émoi chez les organisateurs, ainsi que chez leurs alliés des partis politiques. L’UFDG a d’ailleurs écourté son assemblée générale hebdomadaire pour compatir à la douleur des familles éplorées.
L’ANAD, alliance à laquelle appartient l’UFDG, avait appelé à soutenir la manifestation à l’appel du FDNC le 16 février. Ils dénonçaient ainsi la détention prolongée des activistes de la société civile et de certains membres des partis politiques. La manifestation a viré à l’affrontement entre jeunes manifestants et farces de défense et de sécurité. Des dizaines de personnes blessées, des arrestations et trois décès ont été dénombrés par le Front. Des cas de décès survenus sur l’Axe, fief traditionnel de l’UFDG. Le parti est encore sous le choc. Il a décidé d’écourter son assemblée générale hebdomadaire du 18 février : « A l’UFDG, nous ne pouvons pas faire de la fête pendant que le pays est en deuil. Nous sommes obligés d’écourter la réunion », déclare Kalémodou Yansané, un des vice-présidents du parti. Il réclame justice pour les victimes : « Nous ne sommes pas juges, mais ce que nous savons, c’est que l’UFDG n’a pas d’armes, on est un parti politique légalement constitué. Nous appelons toujours à la paix… lorsqu’il y a eu le premier décès, Charles Wright a retrouvé le présumé auteur en moins de 48h. Nous demandons toujours que la justice soit réellement la boussole ».
Après la manifestation du FNDC, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a menacé de suspendre voire retirer purement et simplement les agréments des structures politiques soutenant le Front. Une déclaration qui a suscité un énorme tollé dans la cité. Kalémodou Yansané refuse de se prononcer : « Nous ne faisons pas de commentaires sur ces déclarations ».
Il proteste surtout contre le refus de la junte de laisser son collègue, Oussou Fofana, d’aller soigner son œil : « Nous avons fourni tous les documents nécessaires pour prouver sa maladie. Si quelque chose lui arrive, nous rendrons responsables les autorités judiciaires qui refusent de le laisser aller se soigner».
Yacine Diallo