Ce mardi 7 février, 46ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, a été marquée par le passage à la barre du dernier accusé dans le premier groupe des accusés.

Paul Mansa Guilavogui, sergent-chef devenu adjudant de l’armée en service au camp Koundara, est passé à la barre. Il est le dernier accusé des 11 renvoyés devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum. Poursuivi pour non-assistance à personne en danger, coups et blessures volontaires, tortures, enlèvement, séquestration et injures, il a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés.  Selon lui, il a été arrêté suite à la tentative d’assassinat contre Moussa Dadis Camara par son aide de camp, Aboubacar Toumba Diakité, le 3 décembre 2009.

Plus d’une heure, l’adjudant Paul Mansa a raconté comment il a été arrêté, torturé par des militaires puis conduit au service spéciaux de la lutte contre la drogue et le banditisme de son coaccusé, Moussa Tiegboro Camara au camp Alpha Yaya Diallo où il aurait passé plus de deux mois. « Chaque fois qu’il y avait mouvement, nous pensions qu’ils allaient nous tuer », a-t-il soutenu. Après tous ces moments difficiles, Paul affirme avoir été libéré grâce à Claude Pivi, ex ministre de la Sécurité présidentielle. Il est reparti à son unité d’origine à Kankan. Il aurait même repris service et muté avec 14 autres militaires dans une compagnie minière. Mais quelques mois plus tard, il a été rappelé à l’unité de Kankan où il a été informé qu’il était radié de l’armée. « Quand je suis arrivé au camp, le chef de compagnie m’a informé que je devais rendre tous les effets militaires. Ainsi, il m’a mis à la police militaire, nous sommes allés chez moi, j’ai remis les effets militaires. On m’a dit que j’étais radié, parce que j’étais allé au camp Koundara avec le CNDD. Que tous ceux qui étaient allés avec le CNDD allaient être radiés ».

Il aurait exercé le métier de chauffeur de taxi plusieurs mois, avant d’être arrêté en 2015, présenté devant un juge d’instruction puis envoyé en à la Maison centrale de Coronthie.

« Le 28 septembre, j’étais à Kankan »

Par rapport au massacre du 28 septembre, l’adjudant Paul Mansa Guilavogui affirme qu’il était à Kankan, son unité d’origine le jour de la commission des crimes. Il ignorerait tout ce qui s’est passé au stade ce jour. « Je n’ai jamais été auditionné sur le massacre du 28 septembre 2009. Aucun juge ne m’a interrogé sur cette affaire. Je n’ai été auditionné que sur l’affaire du 3 décembre 2009, par le service de Tiegboro Camara ».

 L’accusé soutient qu’il est rentré à Conakry le 2 octobre 2009, après un accident qu’il avait subi. Quelques jours plus tard, il a pris fonction au camp Koundara, grâce à un de ses amis.

En réalité, l’adjudant Paul Mansa Guilavogui est renvoyé devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum, pour des actes de tortures perpétrés au camp Koundara le 28 septembre 2009 et les jours suivants.

L’accusé reconnaît que le commandant du camp Koundara Mohamed Camara dit Beugré torturait des détenus. Il affirme que celui-ci « était cruel ». Il confirme les témoignages de la plupart des gens qui ont affirmé avoir été torturés. Cependant, il n’a pas reconnu les cas de viol. «Si je dis qu’il n’y avait pas de tortures au camp Koundara, j’aurais menti, mais ça ne se passait pas devant moi. Les gens qui étaient envoyés au camp ne prenaient pas du temps, ils ne faisaient pas un mois, ils passaient une semaine, 4 jours. Les tortures ne se faisaient pas devant moi. Je reconnais que Beugré frappait les gens au camp…», a reconnu l’adjudant.   

Le procès s’est poursuit avec les questions de la partie civile et il reprend demain, mercredi 8 février.

Mamadou Adama Diallo