Le parquet «très spécial» de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) se grouillait pour l’ouverture du procès des anciens dignitaires grimpants le 15 mars. La défense, elle, réitère son opposition au procès. Elle espère toujours une liberté pour ses clients de la part de la Basse-cour suprême, après moult déboutements.

En taule depuis le 6 avril 2022 pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et corruption, Ibrahima Cas-Sorry Fofana, ancien Premier ministre, Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense et Oyé-Oyé Guilavogui, ancien ministre de l’Environnement, se battent pour une liberté depuis juillet 2022. En vain. Le 23 février dernier, ils ont été déboutés par la Chambre de contrôle de l’instruction de la Crief et par la Basse-cour suprême pour, respectivement, une histoire de liberté et une cassation de la décision les maintenant au gnouf.  

Ce 9 mars, Me Saliflou-flou Béavogui, avocat (sans vinaigrette) d’Oyé Guilavogui, flaire déjà « une parodie de justice » le 15 mars à la Chambre du jugement de la Crief. «Nous avons entendu le procureur spécial annoncer la date de l’ouverture du procès dans le dossier de mon client Oyé Guilavogui, arbitrairement détenu à la Maison centrale de Conakry. Mais à l’état actuel de la procédure, en droit pur, à moins qu’on veuille tenir une véritable parodie de justice, il est juridiquement impossible qu’un procès se tienne. Le procureur a fait état de l’arrêt de la Chambre spéciale de contrôle de l’instruction qui aurait débouté la défense de son appel contre l’ordonnance de renvoi qui avait été entreprise par la Chambre de l’instruction. Mais le même jour, une déclaration de pourvoi en cassation a été régulièrement déposée contre cet arrêt au greffe de la Crief », explique l’avocat. Qui poursuit qu’une requête aux fins de pourvoi en cassation a été introduite contre cet arrêt. «Dès lors, la Cour suprême est légalement saisie. Pas plus tard qu’hier (8 mars Ndlr), elle a réclamé le fond du dossier pour statuer sur la pertinence du pourvoi. Donc, la Cour suprême ne peut pas être saisie d’un pourvoi contre un arrêt, et que ce même arrêt serve de tremplin à l’ouverture d’un procès… »

« Halte au forcing ! »

Me Saliflou-flou Béavogui déclare que son client «n’est ni prêt, ni d’accord qu’un procès» s’ouvre tant que son pourvoi et ses différents recours n’auront pas été examinés à la Basse-cour suprême, à moins que l’on veuille  «forcer la situation». Et son client, dans ce cas, prendra acte et «saura désormais que ce n’est pas la loi qu’on applique dans cette affaire. Du coup, il ne se prêtera pas à un procès tant que les conditions d’un procès juste et équitable ne seront pas réunies. Halte au forcing ! Pas de procès tant que le pourvoi en cassation contre la décision sur laquelle le parquet veut se fonder pour organiser le procès n’est pas examinée par la Cour suprême », peste Me Béa.

Procès à tout prix

Ibrahima Cas-Sorry Fofana n’est non plus prêt au procès, encore moins Mohamed Diané, selon l’avocat Me Saliflou-flou Béavogui. Tous avaient été déboutés par la Chambre de contrôle de l’instruction le 23 février, pour annulation de leur renvoi à la Chambre de jugement de la Crief. Leurs avocats (sans vinaigrette) entrevoient « un procès inéquitable » et envisagent de boycotter le procès.

Aly Touré, le pro-crieur « très spécial » de la Crief, déclare : « C’est leur droit de ne pas venir au procès. Nous, nous allons l’organiser, s’ils ne viennent pas, nous, ministère public, allons requérir auprès du président de la Chambre de jugement qui a le pouvoir de commettre des avocats d’office, à l’effet de défendre les prévenus. Donc, on va aller à l’audience ». Hop-là !

Au passage, soulignons le décès de Me Ousmane Sèye (Sénégalais), l’un des avocats d’Ibrahima Cas-Sorry, ce 9 mars au Sénégal.

Yaya Doumbouya