Abdoul Karim Bah et Mamadou Kenda Doumbouya, tués lors de la dernière manif du FNDC, le 16 février, ont finalement été inhumés le 25 février au cimetière de Hafia, dans la commune de Dixinn. Après des jours d’atermoiements, leurs familles ont à leur tour décidé de sortir de la torpeur pour porter plainte contre X.
Tout comme Ibrahima Diallo à Sonfonia-gare II, Abdoul Karim Bah et Mamadou Kenda Doumbouya, ont été fauchés par balles, respectivement à Hamdallaye-pharmacie et près du carrefour Concasseur. C’était le 16 février, en marge de la manifestation du Front national pour la défense de la Constitution.
Après leur inhumation dans la discrétion, leurs familles ont déposé plainte contre X mardi 28 février au parquet du tribunal de première instance de Dixinn « pour assassinat ». Elles veulent que les meurtriers de leurs enfants soient identifiés et punis. Ce sont toujours des éléments du Bataillon autonome des troupes aéroportées qui sont pointés du doigt. « D’après les informations que nous disposons, ces jeunes aussi ont été tués par les gens du BATA », déclare Me Thierno Souleymane Baldé, avocat des plaignants.
À ce stade, les familles des victimes ne connaissent même pas ce qui est consigné dans les rapports d’autopsie réalisées sur les corps. Elles se sont contentées juste de récupérer les dépouilles et de les enterrer. Sans poser de questions. L’avocat crie déjà à un manque de sérieux de la police judiciaire. « Dans un pays normal, les Officiers de police judiciaire se seraient immédiatement rendus sur la scène du crime pour recueillir des éléments de preuves et entendre des témoins », poursuit Me Baldé. En ce qui concerne Mamadou Kenda Doumbouya par exemple, l’avocat pense que les OPJ auraient eu suffisamment du temps pour confondre les agents du BATA. « Après les tirs, le pick-up est resté sur place pendant des heures. Les OPJ, s’ils s’étaient déplacés, ils auraient pu identifier facilement les agents qui y étaient ».
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Pour contrer la manif du 16 février, Mory Condé, tout-puissant ministre de l’Administration du trottoir et de la décentralisation a réquisitionné l’armée pour, dit-il, épauler les farces de sécurité. Me Baldé souhaite également que les chefs hiérarchiques soient traduits en justice : « Ce sont des gens qu’on a envoyés sur le terrain pour maintenir l’ordre public, avec des armes létales. A quel résultat pouvait-on s’attendre si ce n’était la mort ? S’ils n’étaient pas sur le terrain, est-ce qu’ils allaient tirer sur un civil ? Il faut que les personnes impliquées à tous les niveaux soient tenues pour responsables des décisions prises ».
Ces deux plaintes contre les bidasses du BATA viennent s’ajouter à celle portée par la famille d’Ibrahima Diallo, l’autre ado fauché par balle. L’on se demande néanmoins si la justice va hâter ses pas pour retrouver les criminels. Avant ces trois décès, il y en avait déjà une dizaine sous l’ère CNRD dont les meurtriers courent toujours.
Yacine Diallo