La liste des morts par balles sous l’ère CNRD s’allonge. Thierno Ousmane Diallo, touché au quartier Hamdallaye le 14 mars à 23h, vient porter le nombre à dix-sept.
Le sang a encore coulé à Cona-crime le 14 mars. A Gnariwada dans le quartier Hamdallaye, un jeune a été atteint par balle et a succombé quelques heures plus tard à CHU Donka. Thierno Ousmane Diallo, 15 ans, élève de la 7e année, a été blessé, selon son père, Abdoulaye Diallo, devant leur concession, alors qu’il veillait avec d’autres membres de la famille : « Il a dîné avec sa mère, il veillait devant notre cour ici avec certains de ses amis et avec le propriétaire de notre concession. Il n’y avait aucune manifestation dans le quartier. À 23h, des agents ont surgi et ont ouvert le feu sur lui ». La balle aurait transpercé la poitrine de Thierno Ousmane Diallo, pour ressortir vers l’épaule. Il est transporté d’urgence à l’hôpital Jean-Paul II (Hamdallaye) pour un premier temps, avant d’être évacué à l’hosto Donka : « Ils ne sont pas occupés de lui à Jean-Paul II, parce que Thierno a été transporté par des jeunes qui ne pouvaient rien payer. Quand nous sommes arrivés et nous nous sommes portés garants, ils nous ont simplement dit qu’ils ne pouvaient rien faire. Mon fils n’avait aucune chance de survivre, il est décédé à 2h du matin à Donka », explique son père. Sur ce cas de meurtre également, ce sont des bidasses du BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées) qui sont indexés : « Ceux qui étaient avec lui disent que ce sont des agents à bord d’un véhicule du BATA qui ont tiré. C’est une chose qui n’est pas cachée, ce sont ces gens-là qui tuent nos enfants ».
Abdoulaye Diallo, meurtri par ce qui est arrivé à son fils, se demande à quel saint se vouer. Il n’est pas sûr de porter plainte, mais il se dit persuadé qu’il n’obtiendra pas justice pour son fils. C’est pourquoi il a décidé d’enterrer Thierno Ousmane Diallo en fin de matinée du 15 mars : « A Donka, les médecins ne se sont même pas occupés du corps de mon enfant. Nous nous sommes battus pour le récupérer. Nous l’avons inhumé. Ils ne nous ont donné que le certificat du décès. Pour ce qui est d’une éventuelle plainte, nous n’avons pas pris de décision d’abord. Nous savons que des centaines d’autres jeunes ont été tués dans les mêmes conditions, il n’y a jamais eu de justice ».
Le père de famille ne pardonne pas au meurtrier de son fils : « Ils savent qu’il est interdit de tuer. Ils savent que Thierno n’était pas dans une manifestation, nous ne leur pardonnerons jamais. Ils auront la mort de mon fils sur leur conscience ».
Thierno Ousmane Diallo est originaire de la sous-préfecture de Mity, dans la préfecture de Dalaba.
Ce meurtre est intervenu en marge des violences qui ont secoué Cona-crime mardi soir 14 mars et mercredi 15. Des jeunes ont fait fi du report de la manif des Forces vives de Guinée pour affronter flics, pandores et bidasses déployés le long de la route Leprince.
Yacine Diallo