L’audience publique du procès du massacre du 28 septembre a repris ce mercredi 15 mars au tribunal de Dixinn, délocalisé à Kaloum. Fatoumata Barry, née en 1980 à Conakry, déléguée médicale, victime de viol a décidé de témoigner à visage découvert. « Je préfère témoigner devant ma nation », a-t-elle déclaré à la barre. Elle affirme qu’elle est allée au stade avec sa cousine. Elle a trouvé Moussa Tiégboro Camara en train de parler avec des manifestants. Quelques temps, elles sont entrées à l’intérieur du stade. Et après, dit-elle, le carnage a commencé lorsque les militaires sont arrivés, ils ont commencé à tirer. « Ils tenaient des propos comme nous allons tous vous tuer. Pendant 1h, ils nous frappaient avec les matraques et les crosses de leurs fusils. Ils tenaient des propos qui n’honoraient pas la nation. Ceux qui sont sensés nous protéger, ils tenaient aussi propos comme : pourquoi vous êtes venus au stade ? et ils continuent le massacre avec leurs matraques et leurs fusils. On va vous tuer tous, personne ne va sortir d’ici. En ce moment, j’ai poussé ma cousine pour chercher une porte de sortie. Elle pleurait, entre temps, elle a pu s’échapper avec des jeunes. Ils m’ont laissée dans cette débandade, j’ai approché une dame de teint clair, soudain un groupe de militaires est arrivé, ils ont demandé à la dame : pourquoi vous êtes venue ici, ils n’ont pas laissé la dame répondre, ils l’ont frappée ».
Dame Fatoumata Barry déclare que c’est lorsque qu’elle a couru vers le portail, qu’elle a trouvé un groupe de policiers et de gendarmes qui ont pris un couteau pour déchirer son pantalon, tous ses habits. « Je suis restée nue, ils m’ont ligotée avant d’introduire leurs mains dans mon sexe, ils ont même utilisé leurs matraques pour introduire dans mon sexe. Un d’entre eux a dit : ‘’il faut mettre par derrière’’. En ce moment, j’ai crié fort. Ils ont dit : ‘’Tu es une belle femme, on va te baiser’’. Ils ont pissé sur moi. Il n’y a pas une humiliation qu’ils ne nous ont pas fait subir. Mes agresseurs m’ont poursuivi en disant qu’ils ont reçu l’ordre de nous tuer tous. C’est un autre militaire qui est venu leur dire d’arrêter comme ça. Eux-mêmes discutaient entre eux. Ainsi, le militaire m’a aidé, il a pris mon pantalon déchiré et ma chemise déchirée, il a mis sur moi. Nous sommes allés dans une cour, une dame m’a donné son pagne, on m’a dit d’aller à l’hôpital, j’ai refusé. J’ai dit ce que j’ai vu au stade, je n’irai pas à l’hôpital. Ainsi, je suis allée dans une cour. J’ai quitté l’alentour du stade à 20h. Je n’avais mangé, je n’ai pas bu. Dès que je dormais, ce sont ces scènes que je voyais. C’est comme ça que je suis allée à Dakar… »
La victime affirme avoir vu Marcel, Théodore, Aïdor Bah et Mathurin Bangoura au stade. Selon elle, tous ceux-ci ont joué un rôle au stade. Même que Toumba Diakité s’opposait au massacre.
Ibn Adama