Ce 15 mars, le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est poursuivi au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum. Fatoumata Barry, victime de viol, coups et blessures, à visage découvert, a raconté sa mésaventure au stade du 28 septembre en 2009. Déléguée médicale de fonction, elle raconte avoir été déshabillée, violée et maltraitée, par des pandores et flics, avant de sortir nue des lieux du crime.

Le juge, Ibrahima Sory 2 Tounkara, interroge : « Vous êtes venue au stade à quelle heure ? » « Je suis sortie à 7 heures avec ma cousine pour le stade », répond la victime. « Est-ce que vous avez identifié ceux qui vous ont fait mal ? » « Non », répond Fatoumata Barry.

Le tour est revenu au ministère public de poser des questions. « Quels sont les corps habillés que vous avez vus au stade ? » La victime explique avoir vu des flics, des pandores et des bidasses (bérets rouges), ainsi que des civils en maillot bleu et autres en t-shirt et pantalon noirs. Elle soutient aussi qu’il y avait des civils armés de machettes, des cauris bouclés sur la tête. « Thiegboro disait aux manifestants de reporter la manifestation, mais à ce moment, on ne frappait pas les gens », enchaîne Fatoumata. « Vous avez identifié ceux qui tiraient au stade ? » Elle répond : « Il y avait des gens en tenue kaki, d’autres en T-shirt et pantalon noirs. J’étais assise à la tribune, près des leaders », indique-elle. Et de déclarer que lorsque Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba (accusé) a voulu sauver les gens et les leaders, c’est Marcel Guilavogui (accusé) qui s’y est opposé. Celui-ci aurait cogné Jean-Marie Doré à la tête, terrassé Cellou Dalein Diallo. « J’ai vu Toumba seul. Quand il est arrivé, il a demandé pourquoi ils faisaient cela ? Qui vous a donné l’ordre ? demandait-il. Ils pensaient que Toumba allait les aider dans le massacre… » L’un d’entre les présumés auteurs des crimes aurait répondu que c’est un ordre et qu’on devait tuer les manifestants. « L’ordre est venu de qui ? », demande-il. Fatoumata Barry déclare que qu’elle aurait vu deux ou trois femmes violées.

Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, avocat de la défense de Moussa Dadis Camara, El Dadis : « Étant à la tribune, est-ce que c’est possible d’entendre ce que les militaires disent à la pelouse ? »  Fatoumata Barry réplique que des militaires, comme Marcel Guilavogui, les a rejoints à la tribune. L’avocat estime que des victimes véhiculent de fausses informations sur son client, El Dadis, le principal accusé dans le dossier du 28 septembre en 2009, où 157 personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées et une centaine de femmes violées.

Yaya Doumbouya