Le dossier lié au viol, à l’avortement, aux coups et blessures sur la défunte M’Mah Sylla a connu son épilogue le 4 avril au tribunal criminel de Mafanco. Les médecins Patrice Lamah, Daniel Lamah, Célestin Millimono et Sébory Cissé ont été condamnés à des peines allant d’un à vingt ans de réclusion criminelle. 

Le juge Souleymane I Traoré a déclaré Patrice Lamah et Célestin Millimono coupables de viol sur M’Mah Sylla, dans leur clinique à Entag. Il a aussi déclaré Daniel Lamah, Patrice Lamah et Célestin Millimono coupables de «coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention» de M’Mah Sylla, ainsi que «d’avortement à eux reprochés». Sébory Cissé qui a aussi traité la plaie de M’Mah Sylla dans sa clinique, est reconnu coupable du délit de risque causé à autrui.

Ainsi, le tribunal criminel condamne Patrice Lamah et Daniel Lamah, chacun, à quinze ans de réclusion criminelle. Sébory Cissé s’en sort avec un an d’emprisonnement. Ayant déjà passé plus d’un an sous les verrous (en détention préventive), Sébory Cissé est automatiquement en liberté, explique son avocat, Me Bernard Feindouno.

En fuite, Célestin Millimono a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle, un mandat d’arrêt a été décerné contre lui. Le tribunal interdit à Patrice Lamah, Daniel Lamah et Célestin Millimono l’exercice de la médecine pendant cinq ans, Sébory Cissé pour trois ans.

Sur l’action civile, le tribunal criminel les condamne «solidairement au paiement d’un milliard de francs guinéens» en faveur de Mamadou Bhoye Sylla, à titre de dommages et intérêts «pour toutes causes de préjudices confondus.»

À préciser que le procureur, Kanfory Ibrahima Camara, avait requis des peines allant de dix à vingt ans de réclusion criminelle et l’interdiction de la pratique de la médecine cinq ans durant.

La défense fera appel

Au sortir de l’audience, le procureur a déclaré : «Je suis satisfait de la décision du tribunal qui a suivi en partie ma réquisition. Le dossier M’Mah Sylla a touché pas mal de Guinéens, compte tenu de l’ampleur des dégâts. Son cas fait le résumé des maux que subissent les femmes. Une telle décision engage la responsabilité de tous, surtout nos médecins ».

Me Mountaga Kobélé Kéïta, avocat de M’Mah Sylla,déclare que la décision du tribunal criminel a été rendue «dans les règles de l’art. Je suis convaincu qu’ils ne vont plus jamais récidiver. Je suis très satisfait», réagit l’avocat.

Par contre, Me Bernard Feindouno, avocat de Sébory Cissé, n’est qu’à moitié satisfait. Il annonce un appel. «Mon client Sébory Cissé n’a pas été en amont dans cette affaire. Il a reçu M’Mah Sylla dans sa clinique alors que sa plaie était déjà ouverte. Il est intervenu en tant que médecin, la loi le prévoit. Nous allons interjeter appel contre la condamnation de mon client au paiement solidaire d’un milliard. Il ne pouvait pas refuser de recevoir M’Mah Sylla dans sa clinique, sinon on allait le poursuivre pour non-assistance à personne en danger ».

Pour rappel, M’Mah Sylla est décédée en novembre 2021 en Tunisie, à la suite des viols corolaires d’une grossesse ayant entraîné sept opérations chirurgicales dont cinq en Guinée. Les circonstances des crimes et l’ampleur des dégâts ont fait couler encre et salive.

Yaya Doumbouya