Le 4 avril, le TPI de Mafanco a condamné les bourreaux de M’Mah Sylla à de lourdes peines. Le juge Souleymane 1 Traoré leur a infligé entre 1 et 20 ans d’emprisonnement pour « Coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans l’intention de la donner, avortement, risque causé à autrui et viol». Au lendemain de cette décision, les avocats de la défunte se frottent les mains.
Ils auront défilé pendant plusieurs mois devant la barre du tribunal de première instance de Mafanco avant d’être fixés sur leur sort. Patrice et Daniel Lamah écopent de 15 années de réclusion criminelle, 1 an de prison pour Sébory Cissé. Célestin Millimouno, en fuite, est condamné à 20 ans d’emprisonnement. Ils sont condamnés à payer solidairement une amende d’un milliard de francs guinéens à la famille de M’Mah Sylla. Ils écopent également des peines d’interdiction d’exercice de la médecine allant de 3 à 5 ans.
Certains condamnés annoncent déjà leur intention de faire appel. Dans une déclaration rendue publique le 6 avril, les avocats (sans vinaigrette) de la victime ont exprimé leur soulagement : « Par cette décision historique, une première nationale, se dessine une évolution dans le prononcé de la sanction par les juges lorsqu’il s’agit d’appréhender, d’apprécier la faute du médecin dans l’exercice de son activité professionnelle ou en dehors, lorsqu’il aura abusé de son statut et commis des fautes dont les conséquences pourraient être à l’origine de la mort bête d’une jeune femme de 28 ans, qui plus, était pleine de vie, d’espoirs et le symbole d’une beauté».
Ils se félicitent notamment du fait que le juge n’ait pas considéré les interventions chirurgicales pratiquées sur M’Mah Sylla, comme une façon de lui sauver la vie, mais comme des actes criminels : « L’innovation la plus marquante dans cette décision judiciaire réside dans l’idée que l’acte d’avorter ainsi que les actes chirurgicaux réalisés par le médecin peuvent être considérés par un tribunal non pas comme de la chirurgie pour préserver la vie, en soignant le mal, mais des coups et blessures qui mettent en avant l’instinct criminel d’un professionnel».
Ces avocats auraient aimé entendre des peines plus lourdes à cause de la gravité des faits, mais ils ne crachent pas sur la décision prononcée : « Nous sommes satisfaits à minima. La décision peut être discutable sur beaucoup d’angles. Nous aurions aimé que les sanctions soient un peu plus sévères. Si j’étais juge, j’aurais prononcé une réclusion criminelle à perpétuité et une période sureté de 20 ans pour celui qui a fui. J’aurais prononcé au moins 25 ans contre ceux qui sont en détention, mais nous considérons que la justice a fait son travail», explique maitre Halimatou Camara.
Elle appelle le Conseil de l’ordre à radier définitivement ces médecins : « Aujourd’hui, nous attendons des radiations. Ces gens qui se sont rendus coupables d’actes qui ont conduit à la mort de M’Mah ne doivent plus exercer la profession de médecin ».
Yacine Diallo