Les activités et débats d’orientation constitutionnelle en vue de l’élaboration d’une nouvelle Constitution en Guinée se poursuivent. Après le symposium sur le constitutionnalisme tenu en février dernier, place à la conférence débat sur la Constitution sensible au genre. Il se tiendra le jeudi 27 et le vendredi 28 avril, au Palais du peuple de Cona-cris. L’objectif serait de faire en sorte que la dimension genre soit prise en compte dans la future nouvelle constitution, le Code électoral, pour une large représentation des nounous dans les instances de prise de décision.
Pendant ces deux jours, les débats porteront spécifiquement sur la Constitution sensible au genre avec des sous-thèmes concernant les droits civils et politiques, les droits sociaux et culturels et les droits économiques. Le but est de contribuer au développement de la Guinée, éliminer les inégalités, promouvoir les droits fondamentaux et la non-discrimination. Ce qui permettrait aux femmes de participer aux débats sur l’élaboration de la politique nationale de promotion du genre, fondée sur les principes directeurs dont : l’effectivité de la complémentarité des hommes et femmes dans le développement et l’unité nationale ; la prise en compte du genre dans les processus de décision et d’élection ; l’élimination des inégalités par des actions particulières et ciblées en faveur des femmes.
Première vice-présidente du Conseil national pour la transition, CNT, Maïmouna Yombouno Bangoura déclare qu’une constitution sensible au genre « fixe des règles d’équité et prévoit des lois et des institutions de lutte pour l’égalité et contre la discrimination et les violences de toute nature à l’égard de la femme. Elle est destinée à éliminer ou à faire barrage à tout ordre des rôles et des pouvoirs dévolus spécifiquement aux hommes ». Selon elle, le concept ‘’genre’’ a été utilisé et manipulé, pour des constructions sociales et culturelles comme base de disparités flagrantes particulièrement en défaveur des femmes. « Cette situation est préjudiciable au développement durable et à la lutte contre la pauvreté ». À cette conférence, elle y voit un cadre de référence pour les acteurs qui interviennent en faveur de l’équité et de l’égalité.
Le Représentant pays d’IFES (Fondation internationale pour les systèmes électoraux), Mountagha Sylla, déclare que cette conférence débat est une suite logique du symposium sur le constitutionnalisme et qu’elle permettrait « d’élever le niveau de compréhension des conseillers et acteurs impliqués dans le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution ». Il réitère l’engagement de son organisation à accompagner la Guinée dans ce processus et exhorte donc à travailler davantage avec les couches féminines de l’administration, de la société civile afin d’harmoniser la vision de la dimension ‘’genre’’ et la participation des femmes dans le développement de la Guinée dans tous les domaines.
Une porte d’entrée
Arrivé sur les lieux dans la 2ème partie de la journée, le prési du CNT, Dansa Courroux-mât, rappelle que le principe fondamental de la réussite de la transition, est la mission d’élaboration d’une nouvelle constitution et de la faire adopter par référendum. Il promet que la Constitution sera approuvée sur la base d’un processus démocratique et crédible, car « c’est l’élément déclencheur du retour à l’ordre constitutionnel. D’où l’importance capitale de cette rencontre. Nous parlons de Constitution sensible au genre, c’est la porte d’entrée du débat d’orientation constitutionnelle. C’est pour prouver que nous tenons à la participation juste et équitable des femmes dans le processus démocratique en Guinée. » Le prési du Cntêtard exige donc un « débat ingénieux et dynamique », afin que les prochaines étapes d’élaboration de la nouvelle Constitution soient illuminées par les leçons tirées de ces premières concertations.
Une opportunité unique
Dansa Kourouma rappelle que la Guinée a ratifié plusieurs conventions internationales, organisé beaucoup de débats sur la participation des femmes. Il se demande toutefois si ceux qui animent ces débats ont le même niveau de conviction. Dans ses vingt années d’expériences à la société civile, il s’est rendu compte que quand des occasions importantes se présentent, « les gens ne suivent pas par vocation ou engagement, ils cherchent des opportunités de financement pour capter des fonds. C’est la principale motivation de beaucoup de personnes qui disent se battre pour la cause des femmes ».
Aux participants à cette conférence-débat, le prési du Cntêtard demande « d’exhiber leurs pensées profondes », afin de trouver le meilleur mécanisme « pour aboutir à une Constitution qui garantira irréversiblement les droits fondamentaux des femmes sur le plan politique, économique, socioculturel ». Si une Constitution règle des questions fondamentales comme l’implication des femmes, le patron du CNT pense qu’il jaillira beaucoup d’autres opportunités pour une pleine participation des femmes dans les processus de prise de décision.
À l’issue de ce débat, les réflexions des participants seront assorties de recommandations à l’endroit du CNT et serviront de document de base pour les débats d’orientation constitutionnelle, en vue de promouvoir l’exercice de sa mission d’élaboration du projet de constitution et des réformes juridiques. Qui vieillira verra !
Abdoulaye Pellel Bah