Suspendue il y a une semaine, l’audience de Souleymane Traoré a repris ce lundi 3 avril devant la Crief (Cour de répression des infractions économiques et financières). La dernière audience avait été suspendue pour permettre au prévenu et à ses conseils de se procurer des éléments du dossier et d’en prendre davantage connaissance. Mais avant, l’ancien directeur général du FER (Fonds d’entretien routier), poursuivi pour « enrichissement illicite, corruption, blanchiment d’argent… », s’est attelé à justifier l’origine licite de son patrimoine.

Pour se défendre, il disait mener un train de vie conforme à ses revenus d’avocat d’affaires, de travailleur et d’actionnaire de l’ex-banque Bicigui, puis, à partir de 2014, de directeur général du FER. A cela, il ajoutait des dons, des frais de mission et un cadeau du défunt président zimbabwéen Robert Mugabe qui célébrait son anniversaire. Sans pour autant préciser le contenu de l’enveloppe. 

La nouvelle audience de ce 3 avril a démarré sur des questions de précision de la Cour au prévenu. Entre autres, elle a demandé pourquoi ce sont des tierces personnes qui procédaient à des dépôts d’argent sur son compte en devise jusqu’à atteindre un montant de plus de 200 000 dollars ? « Ce sont des montants que je leur remettais. Rarement, je me rendais à la banque ». D’où proviennent ces montants ? « Ils proviennent de mes voyages, de frais de mission… » Avez-vous des actes qui le prouvent ? « Les libellés des frais de mission existent, mais le reste c’est de l’informel ».

Pendant que Souleymane Traoré est interrogé à la barre, ses avocats se tiennent à ses côtés et parfois lui soufflent dans l’oreille. La Cour a dû intervenir pour leur demander de s’éloigner de lui.

Le procureur spécial près la Crief, Aly Touré, a soumis une demande à la Cour. Il sollicite à la Bicigui, devenue Vistagui, de produire les bulletins de salaire de Souleymane Traoré. Ce dernier déclare y avoir travaillé de décembre 2000 à avril 2014. Pendant cette période, son salaire aurait évolué de sept millions de francs au début à 18 millions à terme. C’est ce que souhaite vérifier Aly Touré. La Cour n’y a pas trouvé d’objection.

DL