Ce 27 avril, la chambre de l’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a ordonné la saisie conservatoire de certains biens de l’ancien prési de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura. Il est poursuivi pour des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux en écriture publique, parjure, détournement de deniers publics et complicité.
Au total, trois de ses immeubles, deux au quartier Nongo et l’autre au quartier Lambanyi, vont être saisis. «La mesure a été illégalement prise, puisqu’il n’y a eu aucune audience préalable, alors que le Code de procédure pénale est bâti autour du principe de la contradiction. D’ailleurs, à l’intérieur de l’ordonnance, les dispositions de la loi sur la corruption ne correspondent pas à ce qui a été dit par le parquet. Au cours des débats, il ressort que l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, touchait 75 millions GNF de salaire », déclare son avocat, Me Facinet Soumah. Et de poursuivre que son client «était le seul héritier de son père » et qu’il n’aurait détourné aucun bien immobilier. «Il a acquis certains biens avant qu’il ne soit président de la Cour constitutionnelle. Ce sont des infractions non fondées.»
Mohamed Lamine Bangoura a été écroué en décembre 2022 à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, aux côtés de nombreux dignitaires du régime déchu, dont Ibrahima Cas-Sorry Fofana, Amadou Damaron-ron Camara, Mohamed Diané. Respectivement, ancien Premier ministre, ancien prési de l’Assemblée nationale monocolore et ancien ministre de la Défense nationale.
En juillet 2022, le ministère de la Justice avait déclaré que Mohamed Lamine Bangoura aurait acquis des biens immobiliers au Sénégal. Il y disposerait trois immeubles dont un R+4, objet du titre foncier N°1647/NGA du lot 4 Dakar, pour un montant de 404 000 000 CFA et d’une villa au quartier Nongo (Conakry), valant cinq milliards de francs glissants. Son salaire mensuel serait de 145 000 000 GNF, selon le communiqué du ministère de la Justice.
Mohamed Lamine Bangoura était le vice-prési de la Cour constitutionnelle lorsqu’il a été porté à la tête de l’institution, en septembre 2018, après l’éviction controversée de Kéléfa Sall, opposé au troisième mandat d’Alpha Grimpeur. Depuis, M. Bangoura est considéré comme l’un des artisans juridiques du troisième mandat.
Yaya Doumbouya