Le 10 avril, le directeur général de la société Électricité de Guinée (EDG) a tenu un point-presse à son siège de Kaloum. Départ du bateau turc, délestages électriques, manifestations à Kankan…, Laye Sékou Camara a passé en revue les dossiers brûlants de l’actualité.

EDG est sur la sellette ces dernières semaines. La Guinéenne de l’électricité est sous le feu des critiques depuis le retour des délestages dans les ménages. A Conakry comme dans les grandes villes de l’intérieur qui disposent de cette denrée rare, des quartiers entiers broient du noir. Les responsables d’EDG s’étaient claquemurés dans un silence assourdissant, alors que les contestations montaient. La Direction générale d’EDG a décidé de sortir de sa torpeur, le 10 avril, pour expliquer les raisons du manque de courant dans les ménages : «Ce sont les entreprises qui demandent des coupures pour permettre de travailler sur le réseau, notamment sur celui de Wanindara-Kobaya : le départ est de 13 à 16 mégawatts et il est très chargé en lieu et place de 12 mégawatts. Le bateau turc n’a donc rien à voir avec les coupures. Depuis le mois de novembre 2022, on fonctionne sans le bateau. Ce qui se passe aujourd’hui, ce sont des demandes de coupures des entreprises qui travaillent sur le réseau».

De la centrale flottante turque

Les délestages ont commencé à se faire ressentir au moment où la centrale flottante turque, stationnée au Port autonome de Conakry, aurait été sortie de la desserte. Faux, selon le DG d’EDG. Laye Sékou Camara explique le départ du bateau par la cherté des coûts : « On a réparé toutes nos centrales. Ce qui nous permet de retirer le bateau. Utilisé ou pas, ce bateau nous coûtait 4 millions de dollars américains. J’ai utilisé les 4 millions de dollars pour réveiller toutes nos machines. Le bateau n’a rien à voir avec les coupures. Depuis le mois de novembre 2022, on fonctionne sans le bateau énergétique».

Du délestage à Kankan

La tension reste encore perceptible dans la ville de Kankan. Des manifestations anti délestages électriques ont secoué plusieurs quartiers, au point que l’effigie du Président de la transition a été brûlée au carrefour Kormarala-loisir. La junte a employé les grands moyens pour étouffer les contestations et envoyer un signal à ceux qui voudraient manifester dans d’autres villes. Laye Sékou Camara explique qu’il y a eu de la manipulation : « Il n’y a jamais eu de projet réel d’alimentation de la ville de Kankan. En tout cas, depuis que je suis dans le secteur de l’énergie, je n’ai pas vu un projet où on dit ‘’cette fois-ci on va sortir Kankan de l’obscurité’’. La ville est alimentée par des groupes-secours. Le seul projet qui va sortir la Haute-Guinée de l’obscurité, c’est le projet de l’interconnexion Guinée-Mali. Ce n’est pas avec une centrale thermique qu’on peut sortir la zone du noir. Kankan est devenu une grande ville, les délestages très rudes. Je n’ai jamais dit que je donnerais à Kankan 24h/24h, j’ai dit que nous allons améliorer la desserte de 18h à 6h du matin. Je n’ai jamais dit qu’il n’y aura pas de coupures».

Yacine Diallo