Les temps sont durs pour les gens-saignants contractuels de Guinée. Ils sont en crève pour réclamer les arriérés de leurs primes que le mystère de l’Administration du trottoir ne paie plus. Un débrayage qui paralyse les cours dans plusieurs buissons de l’arrière-pays.
Ça bouillonne au mystère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation. Alors que les examens approchent à grands pas, l’enseignement pré-universitaire est secoué par une crève des gens-saignants contractuels communautaires. Ces bouffe-la-craie, recrutés çà et là à l’arrivée du CNRD, à bout de souffle, se font entendre depuis des jours. Ils ne digèrent pas le fait que le mystère de l’Administration du trottoir, avec qui ils ont signé des contrats, passe plus de six mois sans leur payer leurs misères de primes. Depuis le début de la semaine, les débrayages se succèdent. A Coyah, Kindia, Mamou, Labé, Kankan, Siguiri…excusez du peu, les cours sont perturbés. Les bouffe-la-craie passent leur temps devant les sièges des mairies, préfectures ou encore des DPE et IRE pour réclamer plus de six mois d’arriérés.
A Labé, des dizaines d’enseignants ont marché pacifiquement, de la Direction préfectorale de l’éducation à l’Inspection régionale de l’éducation. Des slogans : « Pas de paye, pas d’examens » ; « Vive les enseignants contractuels de Guinée ; «A bas la corruption, à bas l’intimidation». Les protestataires réclament aussi leur engagement à la Fonction publique. A défaut, ils menacent de perturber les examens : «Si nos conditions ne sont pas remplies, il n’y aura pas d’examens. S’il faut perturber les centres d’examens, on le fera parce qu’on contribue à la formation des enfants», marmonne le coordinateur des grévistes.
A Kankan, c’est dans l’enceinte du bloc administratif que les contractuels communautaires se sont retrouvés pour crier leur ras l’obole : «Nous sommes là depuis l’ouverture des classes en octobre, mais nous ne sommes pas pris en charge, nous ne sommes pas payés. Nous sortons aujourd’hui pour que notre situation soit réglée avant les examens. Nous demandons aux autorités régionales de remonter la situation des enseignants contractuels afin que nous puissions être rétablis dans nos droits», s’exclame un gréviste. Tout comme à Labé et à Kankan, les gens-saignants contractuels menacent d’empêcher la tenue des examens de fin d’année, notamment dans d’autres buissons de l’intérieur où ils sont très nombreux.
Après le départ à la retraite de milliers de bouffe-la-craie, des milliers d’autres sont engagés en catastrophe comme enseignants contractuels. Parmi eux, il y a les contractuels communautaires que les parents d’élèves payent paisiblement. Ces bouffe-la-craie signent donc des contrats avec les mairies, sous la houlette du mystère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation. Le département de Mory Condé s’engage à verser à chaque enseignant un million de francs glissants par mois. Cela n’est pas respecté. La crise couve donc depuis des mois. Pour se dédouaner, le MATD fait croire qu’il y a plein de fictifs dans les effectifs des gens-saignants contractuels. Il exige désormais à ce que tout bouffe-la-craie présente son diplôme avant d’être payé. Sauf que c’est le département lui-même qui avait facilité ce recrutement. Paradoxal, non ?
Yacine Diallo