Le 18 mars, à Moribayah (Forécariah), le colonel Mamadi Doum-bouillant relançait les travaux du gisement de fer de Simandou. A l’occasion, déclarait-il à ses partenaires miniers : « Notre ennemi, c’est le temps ». Ce temps que voulait davantage son prédécesseur Alpha Grimpeur pour « achever ses chantiers. » Ce précieux temps qui menace le Sénégalaid Maquis Sall et l’empêche de bien compter le nombre de mandats passés déjà à la tête du pays de la Téranga. Le colonel Doum-bouillant, dans son discours de circonstance, aurait dû ajouter que scruter le temps qui passe, ou rappeler qu’il s’égrène était un crime de lèse-majesté. L’absence d’une telle précision nous a fait frôler l’incident diplomatique entre le pays de l’Oncle Sam et la République de Guinée. Et pour cause.
Depuis le 2 mars, l’ambassade des Etats-Inouïs à Cona-cris avait pris soin d’afficher sur son site internet le compte-à-rebours en continu du nombre des jours, heures, minutes et secondes qui nous séparent de la faim de la transition. Tel un bourreau qui rappelle à chaque instant à un condamné à mort le temps qui le sépare de la guillotine. Quelle angoisse ! Mais pour les Yankees, nul n’ignore, le temps, c’est de l’argent. Même si pour le dramaturge et homme d’Etat tchèque, Vaclav Havel, « Le temps politique est un temps différent de celui que nous vivons dans le quotidien ». Prudence est mère de sureté, dit l’adage, n’en déplaise au Prési de la transition qui répète à tout va que ni lui ni ses proches ne seront candidats aux prochaines sélections. Même s’il a été acté que la transition dure deux ans, à compter du 1er janvier 2023. Pour que celle-ci s’achève, la junte a exigé à ce qu’un certain nombre de travaux s’achèvent, parmi lesquels le recensement de la population, l’établissement du fichier électoral, la tenue séparément et dans un contexte guinéen de quatre scrutins. Trois mois se sont écoulés.
Les autorités lancent, tambour battant, des travaux de développement. L’aiguille de la montre tourne. Les USA n’ont fait que le rappeler. Quoique maîtres du monde, eux-mêmes ne sont pas maîtres du temps. Mais notre ministre des Affres étranges, Mori-sans-dent Kou-raté, a décelé un manque de respect à l’égard du souverain peuple d’Ahmed Sékou Tyran. Il n’a pas manqué de comparer le compte-à-rebours, intitulé « En marche vers la démocratie », à « un surveillant de classe veillant sur des élèves en examen ». On peut dénier au pays de l’Oncle Sam le statut de surveillant, mais la transition ne s’apparente-t-elle pas à une salle d’examen et ses acteurs, à des candidats ? Guillaume Hawing, son patron et le gouvernement décrocheront-ils leur bac ?
Le chef de la diplomagie guinéenne aurait fait part de son mécontentement à l’ambassade américaine, convaincu que le compte-à-rebours « n’avait aucunement la prétention de mettre une pression quelconque sur les autorités de notre pays » et qu’il n’avait « aucune valeur contraignante ».
La représentation diplomatique américaine finit par le décrocher, mais non sans rappeler que « Le 1er janvier 2025 sera un jour de célébration du retour du peuple guinéen à la démocratie et à l’ordre constitutionnel. Nous sommes ici en tant qu’amis et partenaires pour encourager et soutenircet avènement historique. » Ce n’est pas en cassant la montre qu’on arrêterait le temps.
Diawo Labboyah