Depuis le début du mois de ramadan, plus rien n’est comme avant dans les marchés de Conakry. Pour soulager les populations et faire chuter le coût du panier de la ménagère, le gouvernement de la Transition a cru faire le nécessaire en interdisant l’exportation de certaines denrées alimentaires pour trois mois. Seulement voilà, la mesure s’avère insuffisante pour mettre fin à la cherté des produits de première nécessité.
À dix jours de la fin du mois de ramadan, les prix ne cessent de grimper dans les différents marchés de Conakry. Le ramadan est censé être un mois de jeûne, de pénitence et de pardon, où le musulman cherche à se rapprocher de Dieu en faisant de bonnes actions. Mais la réalité dans les marchés est tout autre. C’est d’ailleurs un secret de Polichinelle. Il suffit de faire un tour au marché pour se rendre compte de la gravité de la situation. Un phénomène inquiétant, non seulement pour les clients, mais aussi pour les vendeuses.
Au grand marché du quartier Sonfonia, dans la commune de Ratoma, les femmes se plaignent. Elles dénoncent des augmentations fantaisistes. Bintou Camara est vendeuse, elle confirme : «Depuis le début du ramadan, il y a eu un grand changement sur le marché. On achetait le sac d’aubergines entre 170 et 200 000 GNF. En ce moment, on l’achète entre 500 000fg et 600 000 GNF, selon la qualité». Parlant des choux, la vendeuse indique qu’avant, elle achetait le sac à 70 000 GNF. « En ce moment, on l’achète à 200 000 GNF. Cette augmentation n’est pas du tout charitable. Les clientes se plaignent souvent, oubliant que ce sont les grossistes qui nous obligent à revendre ces condiments à des prix élevés », accuse Bintou Camara.
L’inquiétude des clients
L’interdiction de l’exportation des denrées alimentaires n’a pas produit les effets escomptés. En tout cas, elle ne se ressent pas sur la vie de cette mère de famille. Indignée, Kadiatou Bah explique les difficultés auxquelles elle est confrontée au quotidien, pour préparer du lafidi à ses trois enfants. « Normalement, c’est pendant le ramadan que les prix des denrées doivent baisser, mais c’est le contraire. Dans notre marché ici, les prix ont connu une hausse considérable. Je suis venue avec 200 000 GNF, je n’ai pas pu avoir ce que je voulais. Une aubergine qu’on pouvait avoir à 1 000 FG est vendue entre 2 à 3 000 francs guinéens. Tout est cher. Il a même fallu que je change la sauce que je voulais préparer, parce que l’argent ne suffisait pas. Quatre jours sur sept, c’est du lafidi que je prépare pour ma famille Elle affirme ne plus savoir quoi faire ».
Même son de cloche chez Mamadama Camara également mère de famille : « Nous les pauvres, nous souffrons beaucoup en ce mois de pénitence. Le ramadan est un mois de grande consommation. Si les prix des denrées augmentent, ça se complique davantage ». Elle accuse les vendeuses d’en profiter, pour s’en mettre plein les poches.
Bountourabi Kader Camara (Stagiaire)