Lundi 17 avril, Mme Djenab Bah, coiffeuse, victime de coups et blessures, a témoigné devant la barre ce qu’elle a subi le 28 septembre 2009 au stade de Dixinn. Habitante au quartier Carrière, dans la commune de Matam, elle a expliqué que le matin à 7h, un groupe s’est regroupé pour aller au stade. Au niveau des rails, elle a rencontré une sœur qui lui a dit d’aller porter un pantalon. Elle s’oppose, mais face à l’insistance de sa sœur, elle est allée porter le pantalon.  « Arrivé à l’esplanade du stade, nous avons trouvé Moussa Tiegboro qui disait aux gens de ne pas entrer dans le stade. Celui qui entrait, ce qu’il allait avoir, il l’aura cherché. Mais les gens ne l’ont pas écouté. Le portail a été ouvert, nous sommes rentrés à l’intérieur du stade. Vers 12h, des tirs ont commencé. C’était la débandade, la panique générale. Chacun cherchait à se sauver. Ainsi, un jeune du nom de Kalil m’a aidé à escalader le mur, difficilement. Je suis tombée dans un lieu vide, j’ai trouvé des militaires qui détenaient des fouets, des matraques et des machettes. Ils nous ont frappés pendant des heures, j’ai été blessée, il y a des traces de fouet sur tout mon corps. Nous étions nombreux. Ils ont versé de l’eau chaude sur nous. Les militaires nous ont dit que la condition pour nous libérer, c’était de répéter avec eux (A bas les élections). Nous avions voulu résister, mais vu leur cruauté, nous avons accepté de répéter : A bas les élections ! Malgré tout, ils ont continué à nous bastonner. Quelques temps après, on a pu s’échapper, nous sommes allés dans la concession d’une famille Soussou. Une vieille nous a aidés, elle nous a donné à manger et des habits. Nous sommes restés là jusqu’à 18h. Pendant ce temps, nous avions peur, puisque les militaires rodaient autour de la concession à la recherche des manifestants. En ce moment, j’ai pu appeler ma maman pour lui dire que j’étais dans une famille à Dixinn. Elle m’a dit de rester là jusqu’au lendemain, je lui ai répondu que je ne pouvais pas. Puisque les militaires rodaient autour de nous, j’avais peur. Nous sommes sortis vers 18h pour rentrer. Arrivés au niveau de Bellevue, les gens nous ont dit d’aller dans le quartier Hafia. Parce que des militaires avaient érigé un barrage au niveau de Commandayah. Ils traquaient tous ceux qui étaient supposés être des manifestants ou encore ceux qui transportaient des corps ou des blessés. Nous avons donc emprunté la route du quartier, pour rentrer à la maison », à la Carrière.

Djenab Bah affirme avoir aperçu le colonel Claude Pivi au stade vers 13h, que celui-ci était avec ses hommes, ils tiraient en rentrant dans le stade. Elle a aussi aperçu Toumba Diakité qui se dirigeait vers les leaders.

Ibn Adama