La Guinée manque de centres sportifs. Pour parer à cette situation, le ministère de la Jeunesse et des Sports a initié la construction d’un Institut national de la Jeunesse de l’éducation physique et du sport, dans le district de Tabili, sous-préfecture de Mambia (Kindia). Ainsi, Ibrahima Traoré, directeur de l’Institut en compagnie avec l’entreprise FIRA et son partenaire PRIMMO ont effectué une mission d’inspection et de sensibilisation, le jeudi 30 mars 2023. Ont participé à la campagne, un représentant du ministère de la Jeunesse, un du gouvernorat de Kindia, un de la préfecture et les autorités locales (maires, président de district).
Selon Arsène Badé Konan Francis, Directeur général de l’entreprise FIRA, l’infrastructure sera construite sur 15 hectares. Le centre sportif qui formera des enseignants et des professeurs comportera plusieurs domaines sportifs. S’y ajouteront un stade à dimension internationale, une promotion immobilière pour les agents de l’Etat qui habitent la zone, un hôpital etc. La future infrastructure améliorera la pratique des sports (Football, Karaté, Boxe, Handball, Volleyball), bref tous les sports, pour que la Guinée puisse se hisser au sommet.
La construction du centre affectera des citoyens ayant acheté des domaines et qui ont déjà construit. Arsène Badé rassure : « Nous sommes venus rassurer les populations que ce n’est pas tout le domaine qui sera cassé. Ce site n’impacte pas plus de 10 habitations ; nous allons tout faire pour ne pas toucher tout le monde. Même ceux qui seront impactés, nous allons nous arranger avec le gouvernement pour les relocaliser et les dédommager. C’est dans l’intérêt de la communauté que nous construisons ce Centre, pour le développement de la localité. Donc, nous espérons qu’ils vont comprendre ».
Abordant dans le même sens, Sékou Oumar Traoré, inspecteur régional de jeunesse, a rappelé que la terre appartient à l’État, mais que si des citoyens construisent sur cette terre, il revient à l’État de respecter leur droit. « On ne doit pas faire pleurer sa communauté. Nous, en tant que représentant de l’État, nous ne le ferons pas. Nous sommes venus vous dire d’arrêter les travaux pour le moment. Nous allons rencontrer les autorités, pour parler avec elles, pour que nous puissions prendre des dispositions. N’ayez pas peur, nous vous demandons juste de ne pas écouter les rumeurs. Ayez confiance aux autorités locales. Tout ce qui se fera, ne se fera pas sans vous », a promis Sékou Oumar Traoré.
La colère des populations
Les populations riveraines du domaine prévu pour abriter le Centre, sont inquiètes depuis que les autorités ont commencé à défiler sur les lieux. D’ailleurs, des agents du ministère de l’Habitat ont coché de nombreuses habitations. Cela, semble-t-il, sans en aviser les autorités locales (maire de Mambia, président du district de Tabili). Ceux-ci n’ont pas manqué d’exprimer leur colère, face à ce qu’ils appellent manque de considération. « Nous ne sommes pas contre la construction d’une infrastructure dans notre localité, mais vous ne pouvez pas venir poser des bornes ou cocher des bâtiments, sans nous informer au préalable. C’est nous qui sommes très proches des populations, nous devons être au courant de ce qui se passe, pour les en informer », a déclaré le maire. Un sage de la localité, très en colère, exige le respect de la procédure. « Nous qui sommes là, nous ne pouvons pas occuper les lieux de façon illégale. La première des choses, on demande si ce n’est pas un domaine de l’Etat. La façon dont vous êtes venus mettre des croix, mettre des poteaux, nous venons vous demander, personne ne nous dit un mot. C’est pourquoi nous félicitons sérieusement les autorités locales, puisqu’elles respectent les procédures. Nous sommes tous des Guinéens. C’est bien de rappeler que c’est l’Etat qui gère la terre, mais personne n’a inventé cette terre. Il faut savoir qu’il y a aussi le droit de citoyenneté, le plus fort n’a qu’à bien agir, pour ne pas faire pleurer le plus faible ».
Mamadou Adama Diallo