Le procès opposant l’imam, El Hadj Amadou Barry à Djénè Kaba s’est poursuivi, le 3 mai, au tribunal de première instance de Mafanco. Le docteur Thierno Sadou I Diallo, chargé de faire le test ADN pour déterminer si l’accusé est ou non le père de l’enfant de la plaignante, a comparu. Le médecin légiste confirme que son rapport médical est « honnête et indiscutable ».

A l’audience du 25 avril, la défense de l’imam avait contesté les conclusions du test ADN qui indiquent que la probabilité qu’El Hadj Amadou Barry soit le père de l’enfant de Djénè Kaba est supérieure à 99, 99%. Selon elle, la partie civile était au courant du résultat avant même le parquet. Elle avait aussi estimé que le test devait plutôt s’effectuer à Lyon, en France, au lieu de l’Allemagne. El Hadj Amadou Barry et ses avocats ont demandé une contre-expertise pour avoir le cœur net. Le tribunal avait réservé cette demande et ordonné la comparution du médecin légiste qui a effectué les prélèvements.

Le 3 mai, le docteur Thierno Sadou I Diallo a fait sa déposition. Il balaie d’un revers de la main les griefs portés contre les conclusions de son rapport médical : « Par le canal des avocats, nous avons informé que chaque partie devait payer 4 millions de francs guinéens pour les formalités financières». Sauf que la partie civile avait du mal à s’acquitter de sa part. La procédure traîne tellement que la famille de l’accusé décide de prendre entièrement en charge les frais : « C’est le jour des prélèvements même que la partie civile a pu payer. Chaque partie a payé la moitié».

Les avocats de la défense révèlent ne pas connaître l’identité de celui qui a payé la part d’El Hadj Amadou Barry. Faux, selon docteur Thierno Sadou I Diallo : « Une certaine Hadja Aïssatou Diallo, douanière, m’a appelé, m’a dit qu’elle payait pour El Hadj. Entre-temps, le frère de l’accusé est passé déposer les documents de son frère. Il m’a dit que Hadja Aïssatou va effectivement m’appeler pour payer l’argent. C’est ce qui s’est passé».

Maître Paul Yomba Kourouma de s’interroger « Qu’est-ce qui prouve qu’elle a effectivement payé » ? Le témoin rétorque : « Elle m’a dit qu’elle se référait à lui » 

Sur la supposée fuite des résultats, le médecin explique qu’il n’y a aucun moyen pour qu’une telle situation se produise : « Les résultats sont arrivés en Guinée le week-end. Je les ai récupérés, j’ai écrit mon rapport et l’ai déposé au tribunal. Personne d’autre ne les a touchés. Depuis les prélèvements, je ne suis en contact avec aucune partie». Pour ce qui est de la fiabilité de ces résultats, le témoin est sans équivoque : « On a fait l’analyse la plus fiable possible. Le résultat est honnête et indiscutable ».

La défense brandit le fait que le test n’ait pas été effectué à Lyon via le laboratoire Biomar24. Il se trouve que le tribunal, voyant que la procédure n’avançait pas, décide de saisir, par ordonnance, le laboratoire Guinéo-allemand : « Le médecin de Biomar n’était pas disponible, nous avons pris une autre ordonnance pour saisir cette clinique», explique le président du tribunal. Docteur Thierno Sadou I Diallo d’enfoncer le clou : « l’ordonnance qui m’a saisi ne m’a pas dit d’envoyer les prélèvements à Lyon».

Selon les avocats de la défense, des renseignements obtenus d’Allemagne, la clinique mère du laboratoire Guinéo-allemand aurait nié avoir fait ce test : « Vous avez la liberté de demander une contre-expertise, mais les prélèvements ont été faits dans l’enceinte de leur labo ici, il s’est chargé du transport des scellés en Allemagne. Il y a tous les renseignements de la clinique sur le rapport».

L’imam Barry ne renonce pas

Malgré les explications détaillées du médecin-légiste, l’accusé maintient qu’il y a une accointance entre ce dernier et la partie civile. Il estime que le test ADN n’a été fait que pour souiller sa réputation : « la prison ne me préoccupe pas, c’est un honneur qui est en jeu. Je vous informe que ce que le docteur appelle Scellé n’en n’était pas un. On a simplement mis les prélèvements dans un plastique, je ne comprenais rien. Je vous prie de faire recours à l’ARPT, vous trouverez les conversations entre le médecin et la partie civile. Moi, je ne reconnais pas son travail, je maintiens ma demande de contrexpertise».

Le juge a finalement rejeté cette demande et a renvoyé l’affaire au 9 mai pour plaidoiries et réquisitions.

Dans cette affaire, El Hadj Amadou Barry est accusé d’avoir abusé de Djénè Kaba dans l’enceinte d’une mosquée à Yimbaya en 2021. La victime, mineure, a contracté une grossesse. L’accusé crie au complot et accuse des concurrents dans la mosquée dans laquelle il officiait d’avoir hourdi cette histoire pour l’écarter.

Yacine Diallo