Le 29 mai, le ministre des Postes et télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, est revenu sur les causes de sa brouille avec médias guinéens qui l’ont déclaré ennemi de la presse.
Face à la violation de la liberté de la presse et d’expression, les associations professionnelles de la presse et le syndicat de la presse ont boycotté, la semaine dernière, les activités du gouvernement, en signe de protestation. Suite à ses menaces de fermer les médias pour des manquements, Ousmane Gaoual Diallo a été déclaré ennemi de la presse, un qualificatif qu’il considère comme « émotionnel et disproportionné ».
«De mon point de vue, je n’ai pas d’ennemis dans la presse. Je peux avoir des points de vue différents avec la presse. Ce qualificatif ne sied pas. Je pense que la presse n’a pas d’amis, non plus d’ennemis. Elle exerce une profession devant être équidistante entre ses propres opinions et l’objectivité recherchée dans la diffusion de l’information. Si elle catégorise la société en amis et en ennemis, c’est une difficulté », a déclaré le ministre Ousmane Gaoual, sur Espace Fm le 29 mai.
Pour lui, la liberté de la presse «n’est pas n’importe quoi et que ce n’est pas tout ce qu’on veut qu’on doit raconter dans les médias. La liberté de la presse n’est pas une liberté absolue, elle ne l’est dans aucun pays au monde, elle est limitée. Par exemple, les propos discriminatoires ne font pas partie de cette liberté de presse.»
Les émetteurs de Sabari Fm et de Love Fm (groupe AfricVision) ont été «volés», le 17 mai, par des gendarmes de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Un acte qui a été suivi par le brouillage des ondes de Fim Fm, Djoma Fm, entre autres. L’accès aux sites d’informations et aux réseaux sociaux avait été aussi restreint. Le ministre Ousmane Gaoual Diallo déclare qu’AfricVision était informé de la désinstallation de ses émetteurs. «Il a reçu des courriers d’informations indiquant que ses équipements n’étaient pas conformes à leur cahier des charges ni aux normes en la matière. Ils ont mis, par exemple, un émetteur à côté de l’Aéroport de Conakry qui perturbe les fréquences de la Tour de contrôle. Ils ont reçu des avertissements multiples, mais ils agissaient avec mépris. Depuis décembre, ils sont sommés de le démonter.»
Pourtant, le 18 mai, Sanou Kerfalla Cissé, le PDG d’AfricVision, a déclaré : «Ce n’est pas une question de puissance. Toutes les fois qu’ils vérifient la puissance chez nous, ils nous trouvent dans les normes. Nous n’avons jamais dépassé la norme, l’ARPT nous a même applaudit pour cela.»
« 92% des radios ne paient pas de redevances »
En cas de manquements aux normes, l’ARPT « a le droit de démanteler les équipements des médias, sans passer par la justice ou la Haute autorité de la communication (HAC Ndlr), il en a l’autorité.» Les émetteurs sont restitués le 26 mai, le ministre Ousmane Gaoual Diallo déclare qu’AfricVision a signé des engagements pour se conformer désormais au cahier des charges et aux normes en la matière. «J’ose espérer qu’ils vont le faire.»
Selon le ministre, 92% des radios guinéennes ne paient pas les redevances, mais que le gouvernement «ne ferme pas une radio à cause cela.» Et d’ajouter que Sabari Fm doit 500 millions de francs guinéens à l’Etat. «Cela fait plus de dix ans qu’ils ne paient pas de redevances», ajoute Ousmane Gaoual Diallo. Sanou Kerfalla Cissé, a, lui déclaré le 18 mai, que son groupe est respectueux du cahier des charges et que seul sur le terrain de redevances que l’Etat pourrait le faire glisser.
Au sujet du brouillage des ondes, Ousmane Gaoual Diallo indique : « Il faut qu’on analyse pour voir si les ondes sont brouillées. L’Etat n’est pas en train de brouiller les ondes des médias. Aucun équipement au ministère ne nous permet de le faire », a-t-il clamé, avant de poursuivre : « Quand on veut filtrer un site, on n’a pas besoin de perturber tout internet du pays. On le fixe, afin qu’il ne soit plus accessible, même avec VPN. L’internet du pays est perturbé, pas que pour les sites internet. L’internet est perturbé, ça n’a aucun lien avec des manifestations.»
A voir si les fournisseurs d’internet vont démentir le ministre ou bien ils vont avaler des couleuvres.
Yaya Doumbouya