Le 3 mai, les Forces vives de Guinée (FVG) ont annoncé une série de manif : 10, 11, 17, 18, 24 et 25, sur toute l’étendue du bled. Elles exigent le retour rapide à l’ordre constitutionnel, la libération des détenus politiques, l’arrêt des «harcèlements judiciaires», la tenue d’un dialogue inclusif, la levée de la suspension des manifestations politiques, entre autres.
Les FVG ne veulent plus perdre de temps, après deux mois de concertation «improductive» avec la junte, sous la houlette des leaders religieux. Les FVG, constituées des principaux partis politiques et acteurs de la société civile, se sont retirées de la concertation. Place aux manifs, leur ultime recours afin que la junte «redresse» la boussole de la Transition.

«Bientôt deux mois après la suspension des manifestations et le lancement des concertations, force est de constater qu’aucun résultat n’est obtenu et aucune perspective allant dans ce sens ne pointe à l’horizon, faute de volonté politique des autorités de la Transition », déclarent les Forces vives, le 28 avril, dans un communiqué. Selon elles, l’«échec est imputable aux autorités » de la Transition.

Déjà, le premier round des manifs se tiendra la semaine prochaine. La marche du 10 mai partira du rond-point de la Tannerie à l’esplanade du Palais du peuple et celle du lendemain, du carrefour Cosa à l’esplanade du stade du 28 septembre.

En exil, Aboubacar Soumah, leader de Guinée pour la démocratie et l’équilibre (GDE), a déclaré que toutes les voies de recours sont épuisées, excepté la rue. «Les femmes, les religieux et les autorités morales sont intervenues, les autorités de la Cédéao aussi afin qu’il ait un dialogue inclusif et équitable pour nous sortir paisiblement de la Transition. Mais, le gouvernement et le CNRD n’entendent pas de cette oreille et veulent utiliser la force, l’intimidation. Nous allons recourir aux manifestations pacifiques. Le pays n’appartient pas à un groupe d’hommes, ni à un clan, non plus à des gens non élus.»

Aboubacar Soumah précise que les leaders religieux ont fait preuve de diplomatie dans la concertation. «Ils avaient honte devant nous. Tous ce qu’ils ont demandés aux FVG, nous avons accepté. Au contraire, ce qu’ils ont demandé au gouvernement et au CNRD, rien n’a été accepté, ils sentaient humiliés parce qu’ils pensaient avoir des difficultés qu’avec nous.»

Le gouvernement veut renouer le contact

Oussou Gaoual Diallo, le porte-voix du gouvernement, en conférence de stress, le 4 avril à Cona-cris, a déclaré que le Premier ministre, Bernard Goumou, «est étonné» de l’annonce de la série de manifs. «Ils s’étaient engagés à se revoir dans dix jours pour examiner les points qui ont été soulevés par les Forces vives de Guinée. Mais à son grand étonnement, elles ont annoncé leur retrait du dialogue et une série de manifestations. En tout état de cause, le Premier ministre reste à leur écoute et maintien sa main tendue pour un dialogue assez important et fraternel, afin que les Guinéens discutent de leurs problèmes autour de la table de négociation.»

Selon lui, le Premier ministre a promis de reprendre contact avec les acteurs afin de poursuivre la concertation et les discussions. Amen !

Yaya Doumbouya