Le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution continue au sein du Conseil national pour la transition (CNT). Après le symposium sur le constitutionnalisme les 21 et 22 février dernier, la conférence sur la Constitution sensible au genre les 27 et 28 avril dernier, place au débat sur l’orientation constitutionnelle. Lundi 15 mai, s’est tenue à l’hémicycle du Palais du peuple de Conakry, la cérémonie de lancement dudit débat. Cette activité, qui se tiendra pendant deux semaines, permettra d’établir le dialogue entre le CNT, les acteurs sociaux, politiques, économiques, culturels et les institutions républicaines. Elle cherche à offrir une approche participative et inclusive, recueillir des infos de chacune des composantes de la nation, prendre en compte les opinions et aspirations des populations sur ce que doit être le contenu de la future Constitution.
À l’issue de ce débat, un rapport global des échanges sera mis à la disposition de la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Constitution. Le président du CNT, Dansa Kourouma, déclare que le débat d’orientation constitutionnelle est un « moment majeur de la transition, conviant les composantes de la nation à donner leurs avis, collecter, disséquer, clarifier les positions respectives des partis politiques, des organisations de la Société civile, les syndicats dans le but de formuler des propositions sur les grandes lignes de la nouvelle Constitution ». Le président du CNT promet que nous allons réfléchir ensemble, sans complaisance, pour « choisir notre orientation constitutionnelle, poser les balises juridiques et politiques utiles au succès espéré de la Transition. L’objectif est de repenser la réorganisation de l’espace politique guinéen, à la lumière de notre histoire constitutionnelle ». Il reste convaincu que « le genre, l’autonomie des institutions démocratiques et des collectivités, la valorisation de l’équité de l’intérêt des minorités, des régions, des entités politiques, sociales et religieuses constituent des repères importants à prendre en compte ».
Une expression de notre souveraineté
Dansa Kourouma met l’accent sur ce que doivent être les intangibilités Constitutionnelles et souligne que ce travail se doit d’être l’authentique expression « de notre souveraineté, notre volonté de vivre en harmonie avec nos choix et nos valeurs propres…, sans oublier nos relations avec le reste du monde ». Selon lui, c’est à ce prix que la Constitution pourra « répondre à notre besoin de stabilité, de quiétude (…), résister aux velléités des hommes vers les péripéties d’un changement dans le temps et dans l’espace…, surtout lorsqu’elles s’opèrent pour permettre d’assouvir des ambitions personnelles ou sectaires ». Dansa Kourouma dit que le peuple de Guinée doit suivre ce processus de codification de ses aspirations et volontés, veiller sur sa Constitution et ses lois, et ne pas du tout sommeiller sous l’effet des charmes politiques et de l’empathie identitaire.
Une constitution capable de s’adapter
Invité à cette cérémonie de lancement, le Premier ministre, Bernard Goumou, affirme que la future Constitution doit impérativement « répondre aux aspirations du peuple, traverser le temps et résister aux tentations des hommes. Elle doit avoir la capacité de s’adapter à son environnement, embrasser les grands principes universels, tout en préservant notre identité propre ».
Bernard Goumou d’affirmer que l’enjeu est de taille. « C’est pourquoi, nous avons la conviction que les principes et valeurs devant prévaloir dans la réflexion et dans la rédaction du futur texte constitutionnel seront essentiels pour l’orientation que nous souhaitons donner à notre pays…, pour un vivre-ensemble apaisé et au bénéfice de tous ». Pour la sauvegarde de la souveraineté de notre pays, le PM dit qu’il est impératif que nous ayons une constitution « qui garantisse notre unité nationale dans notre diversité, qui constitue un rempart à toute tentative de révision à des fins personnelles, égoïstes et prévoit des sanctions à l’encontre des auteurs de tout manquement ».
La Constitution à venir serait une opportunité pour garantir les droits fondamentaux relatifs à l’instruction, à la santé, à l’habitat, à la sécurité alimentaire pour tous les citoyens guinéens et particulièrement pour les femmes et les personnes vulnérables, explique le chef du gouvernement. Et d’insister que cette Constitution devra résister aux épreuves du temps, aux défis conjoncturels et surtout aux ambitions personnelles. « Chaque mot et chaque ligne qui seront couchés dans le projet de loi fondamentale devront être choisis et adoptés sur la base de leur qualité à renforcer nos principes et valeurs, en particulier, l’unité nationale et la cohésion sociale, la justice et le respect de la dignité humaine, ainsi que la solidarité et l’équité ».
L’UIP, l’ami de la Guinée
En Guinée pour la première fois, le Secrétaire général de l’Union internationale parlementaire UIP, Martin Chungong, a précisé qu’il n’est pas venu pour s’ériger en donneur de leçons ou imposer des solutions qui ne seraient pas adaptées à nos réalités. «Je suis venu porter le message de solidarité, d’accompagnement pour expliquer que nous sommes de tout cœur avec le peuple guinéen». Il est ravi en tant qu’institution faîtière des Parlements du monde entier d’accompagner la Guinée dans ses efforts. Il rappelle que la Guinée a failli se faire exclure de l’Union parlementaire en octobre 2021. «Heureusement que nous avons pu convaincre les organes directeurs. Quand ton ami est en difficulté, c’est en ce moment qu’il a besoin d’aide. C’est ce que l’Union inter parlementaire a voulu faire, en étant un ami de tous les jours du peuple Guinéen ».
Martin Chugong a réitéré la volonté de son organisation de soutenir la Guinée: « Je confirme que ce que le Premier ministre vient de dire traduit la volonté des autorités guinéennes, à organiser un retour rapide à l’ordre constitutionnel». Convaincu et rassuré, il s’engage à poursuivre le chemin avec la Guinée.
Abdoulaye Pellel Bah