Le procès d’Oyé Guilavogui, ancien ministre des Télécoms, contre le ministère public, a repris ce 17 mai, par devant la Chambre des jugements de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Oyé-Oyé est poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
Le parquet spécial de la Crief le soupçonne d’avoir détourné une partie du prêt chinois (Eximbank) de 50 millions de dollars ricains, destinés à la relance de la Société des télécommunications de Guinée (Sotelguigne) en 2012. Ce que rejette l’ancien ministre qui jure, la main sur le palpitant, n’avoir jamais vu la couleur du magot.
Selon la dirlote générale de Huawei-Guinée, le sous-traitant ayant installé les équipements pour la relance de la Sotelguigne, toutes les transactions financières se sont déroulées entre Huawei Technologies et Eximbank, sous l’accord préalable de l’État guinéen, via le ministère de l’Économie et des Pitances.
Le conseillé juridique de Huawei-Guinée réitère que l’entreprise n’était chargée que d’installer les équipements pour la Sotelgui. Elle n’était que la sous-traitante de Huawei Technologies. Le conseil juridique assure que Huawei Technologies n’avait pas fini de faire la livraison des équipements à la Sotelguigne. Selon lui, Huawei Technologies n’a reçu que 37,4 millions de dollars ricains de la part d’Eximbank, avec l’aval de l’État guinéen. « Le contrat entre Huawei-Guinée et Huawei Technologies n’a rien à voir avec cette affaire, ça n’a rien à voir avec le ministre Oyé Guilavogui », ajoute-t-il. S’il n’a pas de détail sur le contrat de sous-traitance liant Huawei-Guinée à Huawei Technologies, il affirme que le contrat fait mention de coûts et de profits que devait bénéficier Huawei-Guinée, sans pour autant donner de chiffres. « Pour savoir le coût exact, il faut faire un calcul professionnel, il faut des experts », soutient-il.
Le pro-crieur, Moustapha Mariama Diallo, demande combien Huawei-Guinée a reçu de Huawei Technologies après l’installation des équipements de la Sotelguigne. « Je ne suis pas un expert financier. C’est difficile pour moi de connaître le montant exact. On a fait des factures et on a été payé par Huawei Technologies », réplique-t-il. Et de préciser qu’ils sont en train de calculer le montant global de la paie que Huawei-Guinée a reçue. « Quand nous aurons terminé le calcul, nous vous ferons parvenir par nos avocats le montant global de la paie ».
Par ailleurs, la partie civile rappelle qu’Oyé-Oyé Guilavogui n’a point communiqué sur la production des pièces justifiant sa richesse.
La défense d’Oyé-Oyé Guilavogui ne veut plus de renvoi dans cette affaire. « Mon client n’a pas été associé à la gestion du fonds. Il n’a rien pris. On est en train de tourner en rond. Je ne sais pas ce qu’on cherche sur les 50 millions de dollars. Il y a une liberté qui est confisquée, il faut qu’on avance », déclare l’avocat (sans vinaigrette), Me Saliflou-flou Béavogui.
Au finish, le tribunal a ordonné la comparution, en statut de témoin, Moussa Keïta, ex dirlo général de la Sotelguigne, ainsi que deux autres témoins. Le procès a été renvoyé au 31 mai pour comparution de ces témoins et pour statuer sur la demande de mise en liberté de l’ancien ministre des Télécoms.
Yaya Doumbouya