De quelque côté que l’on se tourne, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’utilité pour les États africains d’appartenir à des structures supra nationales : CEDEAO, SEMAC, Union africaine et j’en passe. Sûr que certaines sont utiles…à certains manipulateurs. Tout n’est pas noir. Le passeport de la CEDEAO est là pour l’attester. C’est peut-être pourquoi l’ECO, la future ex monnaie unique de l’institution régionale se fait tirer l’oreille pour lui emboîter le pas. Sait-on jamais ? L’idéal eût été la mise sur pied de vastes ensembles au service des peuples, non des gouvernements autocratiques qui bombent le torse devant des populations aux mains nues.
Au début, était la souffrance, pour parler comme Goethe. Quels bénéfices réels tirons-nous de notre appartenance à une organisation comme l’Union africaine, vieille de 60 ans ? Au-delà du syndicalisme clandestin des chefs d’État, monté de toutes pièces au nom de la démocratie pour perpétuer la dictature, les populations du continent n’y voient que dalle ! Les régimes autoritaires se confinent à l’intérieur de leurs frontières pour « appliquer les lois nationales sans aucune ingérence extérieure.» L’illustration la plus récente nous vient de Mory Sans Dent Kou-raté, le ministre guinéen des affaires étranges : « Personne ne veillera sur la transition, nous n’avons pas besoin de professeur. » Le silence des victimes est pompeusement qualifié de paix et d’adhésion aux idéaux des gouvernants.
Seulement voilà ! Morissandan est bien placé pour apprécier l’absence de solidarité effective au sein des institutions africaines. Il n’a pas dû boucler le rapport financier de l’opération de rapatriement des Guinéens de Tunisie. Peut-être n’a-t-il pas réellement ouvert celui du Soudan et de l’Égypte pour récupérer les désespérés de Khartoum. En tout état de cause, les derniers développements de la gouvernance africaine montrent à suffisance que le terrain de la dictature est en train de se compliquer. L’armée et la police soudanaises, jadis unies pour matraquer, embouchent les trompettes de la division dans la conquête exclusive du pouvoir. Le peuple en déroute ne peut présenter à la frontière tchadienne que larmes et famine. Ceux des Tchadiens qui trônent à présent sur les instances de l’Union africaine ne peuvent piper maux.
Au Niger, on se moque de la communication. « Des individus, dans des tenues de l’armée nationale, ont massacré une cinquantaine de civils à Ouahigouya. Une enquête sera ouverte… » Pour une fois, le Président en exercice de la CEDEAO, Oumarou Sissoko Emballo, a osé parler de génocide. On comprend que l’actuel Président en exercice de l’Union africaine, le Comorien Azoumani, n’ait pas eu le temps d’y ajouter son grain de sel. Occupé qu’il est à refouler ses compatriotes que la France décide d’expulser de Mayotte vers les trois autres Îles, Mohéli, Anjouan, la Grande Comore, qui forment l’archipel. Quoi ? La France expulse des Comoriens vers les Comores « pour cause d’immigration clandestine ? » Allons donc ! L’UA dont la présidence tournante revient aux Comores nous en expliquera les tenants et les abrutissants dès qu’elle reprendra sa lutte légitime pour la décolonisation de l’Afrique. Pas avant.
Diallo Souleymane