Faut-il rire ou pleurer de « l’opération spéciale » de dénazification et de démilitarisation entreprise par le tsar russe, Vladimir Poutine, en Ukraine, il y a maintenant un an ? Les raisons de la guerre, évoquées par Poutine avaient fait rire sous cape les observateurs les moins avisés. Car tout le monde savait les causes de l’ire du Russe contre les Ukrainiens. Kiev avait ignoré et bravé la volonté des ex «camarades et concitoyens de l’Union Soviétique» en manifestant bruyamment leur désir d’intégrer l’OTAN. Jugeant une telle attitude outrecuidante, Poutine et ses militaires avaient décidé de leur infliger la correction qu’ils méritaient en les asservissant. Ce qu’ils tentèrent en hiver 2022. Mal leur en prit. Hélas ! Convaincus de leur supériorité militaire et de leur suprématie diplomatique, ils se croyaient dans une posture susceptible de leur assurer une victoire sans bavure en quelques jours.
La leçon de David contre Goliath leur avait, un instant, échappé. Tout comme la réincarnation de quelque fait historique. Rapidement, ils se retrouvent aux portes de Kiev après avoir noyé toute l’Ukraine dans un déluge de bombes et de missiles. Toutefois, ils ne convainquent pas les Ukrainiens, notamment les forces armées, de chasser du pouvoir, leur Président Volodymyr Zelensky qui, comme le roseau, plie sans rompre. Les cris d’orfraie des Ukrainiens ne tardent pas à trouver échos à Washington, Paris, Londres, Berlin, etc.
Puis les soutiens conséquents : rhétoriques, ressources financières, chars, avions, hélicoptères, munitions, etc. L’Ukraine reprend du poil de la bête. Les forces d’invasion russes ne s’emparent pas de Kiev et, au contraire, s’en éloignent, battent en retraite en maints endroits. Elles concentrent leurs efforts sur le Donbass, province russophone, rebelle pro-russe depuis belle lurette. Ce qui est donc logique et plus raisonnable. La Russie se contente de tirer des salves de missiles sur des cibles civiles, en l’occurrence des immeubles d’habitation, en zones urbaines. Cela ne fait pas gagner la guerre, mais terrorise les populations. Poutine a perdu la guerre éclair, sa guerre ukrainienne, tout court sur le plan militaire. Cette guerre effarouche les voisins de la Russie qui flirtent avec les pays de l’Alliance Atlantique nord. Ils font chorus en vue de leur adhésion à l’OTAN. Ils prennent conscience du danger à hésiter d’adhérer ou non à l’OTAN. La guerre a précipité leur choix en défaveur de la Russie. Là aussi le revers diplomatique est épatant. Ce revers vient de prendre une tournure dramatique pour Poutine, à Ryad au sommet arabe et à Hiroshima au sommet du G7. Le tapis rouge a été déroulé à Zelensky. On imagine le courroux du patron du Kremlin, ses devanciers, à la tête de l’URSS, ont dû écraser une larme, dans leur tombe. Ils n’ont pas pris une telle claque. Une véritable déculottée.
Abraham Kayoko Doré