Les Forces vives de Guinée (FVG) ont appelé à manifester les 10 et 11 mai dans le Grand-Cona-cris, pour exiger de la junte le retour rapide à l’ordre constitutionnel, entre autres. Le bilan provisoire établi par les organisateurs fait état de sept morts par balles.

Le 10 mars, à 17 heures, Boubacar Diallo, dix-sept ans, élève de la 10ème année, a été fauché par balle devant son domicile, à Bomboly (Axe, Bambéto-Cosa), selon sa famille. Le lendemain, tristesse et consternation dans la famille mortuaire. «Mes enfants ne manifestent jamais, les voisins sont témoins. Mon fils a été tué hors de la cour. On était ensemble, je l’ai laissé là pour acheter du pain. Sur mon chemin de retour, j’ai entendu des crépitements de balles. J’ai eu peur de rentrer. Mais, poursuivant mon chemin, j’ai aperçu les gens entrer et sortir de notre cour. Un enfant clame de loin en ma direction : ‘’C’est le fils de celle-là qui a été tiré’’. Je lui demande qui ? Le petit a pris peur et s’est barré. Arrivée à domicile, les gens ont commencé à me présenter leurs condoléances », explique Mariame Diallo, la mère du défunt.

Selon elle, flics, bidasses et pandores étaient dans le coin, lorsque son fils a reçu la balle à l’abdomen. «Ils ont tué un innocent. Boubacar Diallo ne manifestait pas. Ses bourreaux répondront devant Dieu. Je m’en remets à Lui.»

Mme Mariame Diallo, mère de Boubacar Diallo tué à Bomboly

Ismaël Soumah, frère du défunt, en larmes, jure la main sur le palpitant, que sa famille ne participe jamais à des manifestations sociopolitiques dans le coin. «Nos parents nous ont éduqués de nous tenir toujours à l’écart des manifestations. Tout le quartier le sait. On ne sort jamais pour manifester. Des gens du quartier nous en voulaient à un moment donné à cause de cela. Voilà que ce sont des innocents, comme Boubacar Diallo, qui en pâtissent. Je ne peux mesurer la profondeur du mal. Elever un enfant jusqu’à l’âge de maturité et le voir disparaître pour ne rien, cela fait mal, très mal.»

Pour l’heure, on ignore le responsable du meurtre. Mais, Ismaël Soumah soutient que les flics « sont toujours armés » et que «les balles proviendraient d’eux. Selon les témoins, Boubacar Diallo aurait reçu « trois balles », sans préciser où il a été touché.

Ni autopsie ni plainte

Pour Ismaël Soumah, une autopsie sur le corps de son petit-frère ne servira à rien : «Beaucoup sont morts et on a réalisé des autopsies sur leurs corps, mais cela n’a rien servi. On fait l’autopsie dans un pays de droit. Il n’y a pas de justice en Guinée, alors pourquoi faire une autopsie ? Qui sont en train de nous tuer ? Mieux vaut enterrer notre défunt et prier Dieu.»

Ismaël Soumah ajoute que sa famille ne déposera aucune plainte au sujet du meurtre de son petit-frère. «Déposer une plainte contre les gens qui tuent ? Ce sont eux qui donnent des armes aux agents de venir tuer. Je me confie à Dieu, nous sommes croyants. Tôt ou tard, son meurtrier répondra devant Dieu, l’Unique juge.»

Le corps de Boubacar Diallo se trouve à la mosquée de Bomboly et l’enterrement est prévu ce11 mai, à 17 heures.

Yaya Doumbouya