Les Forces vives de Guinée appellent le populo à battre le pavé les 10 et 11 mai dans le Grand-Conakry et dans les buissons de l’intérieur du bled. Wanindara, quartier réputé chaud, était le théâtre d’échauffourées ce 10 mai. Un jeune y a été tué.

La Petite Cellule Dalein Diallo de l’UFDG, le Sid de l’UFR et compagnie comptent, à travers ces journées de manifestations, pousser la junte à libérer les leaders politiques et activistes du FNDC en détention depuis des mois, à mettre fin aux harcèlements judiciaires subis par les politicards.  Ils veulent aussi la levée de la suspension des manifs politiques, le retour sécurisé des exilés politiques et l’ouverture d’un dialogue sous l’égide de la CEDEAO.

Ce mercredi 10 mai, plusieurs quartiers le long de la route Leprince étaient sous tension, comme à l’accoutumée.  L’Axe Wanindara-Enco5, calme dans la matinée, a fait l’objet d’accrochages. Au Carrefour-marché (Wanindara), flics et pandores ont affronté des manifestants, pour la plupart des ados. Ils répondent aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogène. Des coups de feu ont également été entendus. Les manifestants ont tenté pendant une bonne partie de la journée de bloquer la voie principale. Les farces de l’ordre ont réussi, bon an mal an, à les contenir, faisant souvent appel à des renforts. Les courses-poursuites se sont déroulées à l’intérieur des quartiers.

Tôt le matin, un dispositif sécuritaire important a pris d’assaut la zone. Une dizaine de pick-up a stationnée entre le rond-point de la T5 et le secteur Château. Cela n’a pas dissuadé les jeunes, déterminés à se faire entendre.  Les deux transversales menant à Kissosso et à Kobaya sont restées bloquées. Les manifestants y ont érigé des barricades, brûlé des pneus. Sur l’axe, boutiques, magasins et stations-service sont restés fermés.

Alhassane Bah tué par balle

Le quartier Wanindara est en ébullition depuis le mardi 9 mai. Des accrochages ont éclaté entre manifestants et agents de maintien d’ordre après l’enterrement d’El Hadj Mamoudou Barry, fauché le 30 avril «par un véhicule de l’armée». Un autre jeune a perdu la vie pendant ces affrontements. Alhassane Bah, 18 ans, a été touché par balle au marché de Wanindara le 9 mai entre 15h et 16h, sur la transversale menant à Kissosso : «Il était à la T5 avec mon fils. Ce dernier m’a appelé, j’étais à Kagbélen, il m’a dit que les accrochages ont commencé. Je leur ai dit d’aller à la maison. Je suis revenue, je ne les ai pas trouvés. Je les attendais pour qu’on mange ensemble. C’est en ce moment que sa sœur est venue en pleurant, et m’informer qu’Alhassane a été tué», explique Oumou Hawa Bah, tante de la victime.

Alhassane Bah a été atteint au dos, la balle a transpercé son corps et est ressortie par le cou. Dame Oumou Hawa Bah accuse les pandores d’en être les auteurs : « Ceux qui étaient avec lui disent que c’est un gendarme qui lui a tiré dessus. Et hier, il n’y avait que des gendarmes là-bas. Mon enfant n’est pas un brigand, il n’avait aucun problème. Celui qui l’a tué l’a fait par pure haine. Je ne lui pardonnerai jamais. Il aura la mort de mon fils sur sa conscience».

La victime a été enterrée, le 10 mai à Bangouyah (Coyah) sans qu’une autopsie ne soit pratiquée sur son corps : « Nous l’avons enterré parce que nous savons que justice sera difficilement rendue pour lui. Ceux qui tuent sont envoyés par les autorités. Nous n’avons plus rien à faire». Au moment où nous mettions en ligne, l’affrontement entre manifestants en colère et farces de l’ordre se poursuivaient.

Yacine Diallo