Procès du massacre du 28 septembre 2009, trois victimes se sont succédé à la barre ce mardi 2 mai. L’une des victimes, Alpha Boubacar Diallo, chauffeur, habitant du quartier Wanindara. Il a expliqué que le 28 septembre 2009 à 7h du matin, il a quitté son domicile pour le stade. Arrivé sur l’autoroute Leprince, il a aperçu une foule, c’était excitant. Il a suivi la foule. Parvenu à la terrasse avec la foule, Alpha Boubacar Diallo a voulu joindre les leaders politiques étaient bloqués devant la porte de l’université Gamal Abdel Nasser. «Après, nous avons tous accouru vers le portail. Nous avons trouvé des gens habillés en maillots Chelsea, couleur bleue, il ressemblait à des sportifs. Ils nous ont appelés en criant victoire au peuple, victoire au peuple. Ils ont ouvert le portail et nous ont dit d’entrer. Ils ont procédé à une fouille. Personne n’est entré dans le stade avec un caillou encore moins avec un bois. Je pensais que c’étaient les organisateurs de la manifestation. Il y avait de l’ambiance, certains étaient en train de prier. J’ai pris place à la zone dite « sahara » sur le gradin. Quelques instants après, nous avons entendu des tirs, les gens ont riposté par des cris : « Wo woulé » comprenez (Vous mentez). Mais ils ont jeté encore du gaz lacrymogène, accompagné des tirs nourris. C’est en ce moment que nous avons compris que c’était sérieux. Ainsi, nous avons commencé à courir, c’était la débandade. Tout le monde voulait passer par la petite porte. Moi, j’ai escaladé le mur entre les grillages et les barbelés, je suis tombé entre des murs vers l’autoroute (Fidel Castro). Ce qui m’a retardé, j’ai voulu aider certaines personnes qui étaient coincées à la petite porte. C’est en ce moment que des bérets rouges nous ont pris en otage. Un militaire m’a cogné par une arme blanche au niveau de la bouche et du ventre. Ils nous frappaient. Les bérets rouges nous ont intimés de ramasser les corps, pour les rassembler au niveau de la petite porte. Nous avons voulu refuser, mais ils ont menacé de nous tuer, si on ne le faisait pas. C’est ainsi que nous avons commencé à ramasser les corps, une quarantaine, huit morts par balles et les autres sont par asphyxie. Au moment où on les rassemblait, des gens de la Croix-Rouge, accompagnés de la police, sont arrivés. Les militaires ont fait semblant comme si ce n’était pas eux qui nous frappaient. Un militaire menaçait de m’exterminer. Comme je savais que ce militaire me menaçait, j’ai profité avec eux, pour aller à Ignace Deen. Nous étions entachés dans le véhicule de la Croix-Rouge, une personne est morte. Arrivé à Ignace Deen, une dame m’a administré les premiers soins. Elle m’a dit qu’elle était de garde, mais qu’elle rentrait, de rentrer avec elle, j’ai répondu : Madame, comment je peux aller alors que je prends mes soins ? Elle m’a dit : ‘’Ce que tu as expliqué, si on te trouve ici, tu vas comprendre’’. Ainsi, moi-même j’ai enlevé la perfusion, pour monter dans le véhicule, aller avec elle à Sangoyah où elle m’a donné de l’eau, je me suis lavé, elle a fait mon pansement… »

Ibn Adama