Face aux multiples atteintes à la liberté de la presse enregistrées ces derniers temps en Guinée, les associations professionnelles de la presse privée menacent ce 18 mai, d’engager des poursuites judiciaires contre l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Pas que !

Dans une déclaration, les associations de presse de Guinée regrettent de « constater des actions liberticides engagées par l’ARPT contre les médias. Ces actions, dont les débuts ont coïncidé avec la nomination de M. Mamady Doumbouya comme Directeur général de l’ARPT, ont consisté d’abord à ralentir puis arrêter l’accès aux principaux sites d’informations guinéens. Les actions se sont poursuivies le 17 mai par le ralentissement, voire le blocage de l’accès à certains réseaux sociaux et par une descente des gendarmes au groupe de presse Afric vision pour démonter les émetteurs des radios Sabari FM et Love FM ».

Les associations de presse condamnent cette «censure» constituant un recul de la démocratie. «Elles se réservent le droit d’engager des poursuites contre l’ARPT pour les énormes préjudices subis. Et décident de ne plus prendre part à la Semaine nationale des métiers de l’information et de la communication organisée par le gouvernement », envisagent de prendre d’autres mesures dans les prochaines heures.

Coup de gueule de l’Ablogui

L’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) s’indigne, elle aussi, de la perturbation de l’accès à certaines réseaux sociaux depuis le 17 mai. «Les différents tests effectués par nos membres démontrent que Facebook, Messenger, YouTube, WhatsApp, Instagram et TikTok sont la cible de cette restriction. C’est confirmé par l’organisation indépendante de  monitoring  d’internet NetBlocks.»L’Ablogui estime qu’il y a « une forte probabilité que ces actions soient intervenues pour contenir » les manifs des Forces vives  de Guinée les 17 et 18 mai. L’association condamne «fermement cette restriction» constituant « une entorse » au droit à l’information et à la liberté d’expression. 

Ablogui rappelle au gouvernement que ce type d’action est contraire à la Charte de la Transition, à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

«L’Ablogui  se  réserve  le  droit  de  poursuivre  devant  les  tribunaux  internationaux  les responsables de cette restriction » et appelle au rétablissement immédiat de l’accès intégral aux médias sociaux et à l’arrêt systématique des méthodes «rétrogrades qui déshonorent la Guinée et entament sa  crédibilité » dans le concert des nations.

Yaya Doumbouya