Le 23 mai, El Hadj Amadou Barry a été fixé sur son sort au tribunal de première instance de Mafanco. L’imam, accusé d’avoir abusé d’une mineure dans une mosquée à Yimbaya-Tannerie (Matoto), écope d’une lourde peine.
Inculpé pour « Viol » sur Djénè Kaba, mineure de 14 ans au moment des faits, écroué à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis fin 2021, El Hadj Amadou Barry, imam d’une mosquée au quartier Yimbaya-Tannerie est reconnu coupable, par le juge Souleymne 1 Traoré, du chef d’inculpation de viol sur mineure. Sur l’action publique, le tribunal le condamne à 15 ans de réclusion criminelle. Sur l’action civile, il reçoit la constitution de partie civile de Djénè Kaba, condamne l’imam au paiement de 100 millions de francs glissants pour les préjudices subis par la victime.
Le tribunal a suivi pratiquement à la lettre les réquisitions du ministère public. Ce dernier, au visa de la « gravité des faits », avait demandé au tribunal de tenir compte de la circonstance aggravante, les multiples viols sur Djénè Kaba ayant entrainé une grossesse, et de lui coller 15 années d’emprisonnement. Une victoire pour l’avocat de la partie civile : « Nous avons accueilli cette décision avec satisfaction. Elle nous a réconfortés dans notre position de victime. C’est la bonne application de la loi. En réalité, c’est le minimum de la peine », déclare Me Paul Lazare Gbillimou. Sauf que la partie civile réclamait à l’accusé pas moins de cinq milliards de francs glissants comme dommages et intérêts. Le tribunal ne lui condamne qu’au paiement de 100 millions. Une somme dérisoire, selon la partie civile. Me Lazare Gbillimou n’écarte pas la possibilité d’interjeter appel, en ce qui concerne les intérêts civils : « La somme est insignifiante par rapport à notre demande. Je vais me concerter avec ma cliente pour voir si on va relever appel ou non ».
Me Fodé Camara, avocat de la défense, conteste la décision, annonce interjeter appel : « La peine ne correspond pas aux dispositions condamnant le viol. Les choses seront rectifiées devant la Cour d’appel».
Le tribunal muet sur le sort de l’enfant
Pendant ces viols, la victime a contracté une grossesse. Le bébé aura bientôt un an. Le tribunal, dans sa décision, n’a pas fait cas de l’enfant, alors qu’un test ADN commandé par les parties au procès a révélé qu’El Hadj Amadou Barry est à 99,99% son père. Une confusion, selon l’avocat de la défense : « C’est vrai que la paternité est contestée, mais dans les conditions normales, le juge devait faire ressortir la situation de l’enfant dans sa sentence. On ne sait pas quoi faire, c’est une petite confusion ».
Cette affaire a éclaté en novembre 2021. Djénè Kaba, 14 ans au moment des faits, accuse l’imam, El Hadj Amadou Barry, de l’avoir violée plusieurs fois à Yimbaya, notamment dans l’enceinte de la mosquée dans laquelle il officiait. Des faits que l’imam a catégoriquement niés. Il accuse certains responsables de la mosquée d’avoir comploté pour l’écarter de l’imamat. Iskine !
Yacine Diallo