Le procès des présumés assassins de Mahawa Traoré s’est poursuivi le 12 juin devant le tribunal criminel de Dixinn. L’audience a été consacrée aux plaidoiries et réquisitions.

Peut-on affirmer que les accusés dans l’affaire Mahawa Traoré vont bientôt se tirer d’affaire ? L’on est tenté de s’interroger. Le parquet qui accusait jusque-là Lansana Kaba, Papa Koly Doumbouya, Mohamed Alimou Diané, Ousmane Ben Camara, Ibrahima Barry et Rouguiatou Daffé «d’Assassinat, de meurtre et de complicité» se rétracte. Il requiert ni plus ni moins l’acquittement des six accusés pour « insuffisance de preuves». Le représentant du ministère public estime que son parquet et la partie civile n’ont pas réussi à démontrer l’imputabilité de l’assassinat de la fillette, MahawaTraoré, 4 ans, aux accusés : « Le fait de retrouver le corps de la victime dans une cour, des traces de pas sur les murs d’une clinique ne suffisent pas à asseoir la conviction du tribunal. Qu’il vous plaise d’acquitter ces accusés et de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir».

L’avocate de la partie civile, Me Oumou Djiba Touré, réclame la condamnation des six accusés. Elle estime qu’ils ne se sont pas retrouvés par devant le tribunal criminel par hasard : « Lansana Kaba est la dernière personne à voir la victime. Il a reconnu ici que la fillette était dans sa cour, mais celle-ci n’a plus été retrouvée. A la barre, il avait peur, il tremblait et avait du mal à cacher le mensonge». Pour ce qui est de l’accusé, Mohamed Alimou Diané, Me Oumou Djiba Touré refuse de croire que ce vigile qui était de garde dans une clinique, le jour de l’assassinat de Mahawa Traoré, ne puisse pas entendre le bruit de ceux qui auraient balancé le corps de la victime, via cette clinique, dans une cour voisine : « Nous pensons qu’il savait tout ce qui se passait, il a pris part au meurtre ». Elle demande également au tribunal de condamner les autres accusés : « Ce qui est arrivé à cette fillette est affreux. Nous n’avons pas qualité de requérir une peine, mais nous vous demandons d’être sans pitié à leur encontre». L’avocate ne demande cependant aucune compensation financière.

Pour la défense, le représentant du ministère public, en requérant l’acquittement, a balisé le chemin. En aucun cas l’assassinat de Mahawa Traoré ne peut être collé à leurs clients : « Ce n’est pas parce que Lansana Kaba est l’une des dernières personnes à voir la victime qu’il est de facto son bourreau. Qu’est-ce qui prouve qu’il est impliqué ? La mort de cette fillette n’est imputable à aucun de nos clients. Nous ne savons même pas qui est poursuivi ici pour meurtre, pour assassinat ou pour complicité. C’est un simple panier à crabes. Nous ne sommes coupables de rien», déclare Me Abou Camara. Me Labilé Christophe Kôné, quant à lui, s’en prend aux enquêteurs : « L’enquête préliminaire et l’instruction ont été mal faites. Les enquêteurs n’ont pas été professionnels. Ils n’ont pas eu le courage de prononcer un non-lieu, ils ont préféré vous refiler la patate chaude». Le juge Amadou Sy a renvoyé le dossier au 26 juin, pour le délibéré.

Hawa Traoré (Mahawa), 4 ans, a été agressée le 27 novembre 2021, violée, tuée et jetée dans une cour au quartier Kobaya, dans la commune de Ratoma. Son corps a été retrouvé le lendemain, corde au cou.

Yacine Diallo