Victimes de xénophobie, plusieurs Guinéens vivant en Tunisie ont été rapatriés en Guinée en mars dernier. Depuis leur retour, ils se disent abandonnés à leur sort et disent vivre « dans une précarité extrême ». Mercredi 7 juin, ils ont exprimé leur mécontentement devant le ministère des Affaires étrangères et des Guinéens établis à l’Etranger. Ils accusent le gouvernement de n’avoir pas respecté les « belles promesses » qui leur ont été faites, à leur arrivée à Conakry.
À travers ce sit-in, ils réclament principalement leur réinsertion sociale comme promis par le Président de la transition. « Nous sommes là pour réclamer nos droits et chercher à avoir plus d’informations sur l’avancée de notre situation. Le gouvernement nous avait promis une réintégration. En 90 jours, il n’y a toujours pas de résultats. Nous avons déposé une lettre auprès du ministère des AE, toujours rien. Pourtant, ils avaient promis de nous aider », a rappelé Foromo Onivogui, président de l’Association des Guinéens victimes de xénophobie en Tunisie. Selon lui, son organisation n’exige rien d’autre qu’un geste de la part du gouvernement. Il trouve « regrettable » qu’ils n’aient été situés jusque-là. « Ce n’est pas de l’argent que nous demandons, c’est une réintégration. Notre situation nous affecte beaucoup. Tout le monde a laissé quelque chose en Tunisie ». Parmi eux, des migrants, des étudiants, des diplômés, des malades et des femmes enceintes qui s’étaient rendues en Tunisie, pour accoucher.
Conscients de ce qu’ils ont subi en Tunisie, il est hors de question pour eux de retourner au Maghreb. « Nous ne voulons plus jamais revivre cela ». Les manifestants sont « prêts à exercer dans divers domaines ».
Rêve brisé ?
Peu après leur sit-in, des représentants de l’Association ont été reçus par le ministre, Morissanda Kouyaté, dans un climat crispé et ponctué par des cris. Foromo Onivogui fait le dessin de la situation « précaire » dans laquelle ils vivent depuis leur retour au pays, et rappelle au ministre les promesses formulées par les autorités à leur retour.
Mori-Sans-dents n’aura pas mâché ses maux. Il a rappelé que la Guinée a été le premier bled à voler au secours de ses compatriotes en détresse en Tunisie. Le ministre explique aux manifestants que son département ne dispose d’aucun fonds ou budget dédié à la réinsertion des rapatriés, qu’ils « soient rapatriés de la Tunisie, de la Turquie ou du Niger ».
Il réitère que le rôle de son département se limite à aider les ressortissants guinéens en danger, à regagner leur pays. Il signale qu’en ce moment, il serait préoccupé par une situation similaire qui concerne des Guinéens bloqués au Niger. Une fois encore, il promet que son ministère serait en pourparlers avec d’autres ministères et des partenaires techniques et financiers, pour la réinsertion socioprofessionnelle des Guinéens rapatriés. Et toc !
Abdoulaye Pellel Bah