Décédée le mercredi 28 juin, Hadja Rabiatou Sérah Diallo a rejoint sa dernière demeure au cimetière de Kameroun le vendredi 30 juin. Auparavant, un symposium a été organisé au Palais du peuple de Cona-cris pour lui rendre un ultime hommage.

Le populo pleure la disparition d’une icône du monde syndical guinéen, de la sous-région et de l’Afrique. La Rabi Sérah Diallo a passé l’arme à gauche à l’Hosto de l’Amitié Sino-Guinéenne dans la plus grande discrétion. Le 30 juin, ses familles, biologique et syndicale, se sont données rendez-vous dans la salle des Congrès du Palais du peuple pour lui faire un ultime adieu. Le symposium a réuni parents, amis, collaborateurs, anciens et actuels ministres, activistes de la société civile, dealers politiques et autres anonymes. Il a été présidé par le Premier des ministres, Nanard Goumou qui a rendu hommage « à un symbole, à une voix qui a retenti aux quatre coins du monde. Nous rendons hommage à une détermination indéfectible, à un engagement, à une force motrice du mouvement social et du syndicat guinéen. Elle a porté, à une période de vie de notre histoire, la torche de l’espoir ». Nanard Goumou a aussi rappelé la lutte que la défunte a menée pour que les travailleurs guinéens sortent de la précarité : « Nous gardons d’elle, l’image d’une femme patriote, courageuse, engagée à défendre des causes justes au nom de la liberté et de droits humains. La position de secrétaire général de la plus grande centrale syndicale des fonctionnaires de notre pays qu’elle a brillamment assuré avant la présidence du Conseil national de la Transition de 2010 et du Conseil économique et social, ont permis à ses compatriotes de découvrir la grandeur d’actes et du rendement hautement social de cette dame au parcours exceptionnel».

La Rabi Sérah est la première nounou à diriger une organisation syndicale aussi puissante que la CNTG. Après onze années de règne à la tête de cette centrale syndicale. Elle atterrit à la présidence du Conseil national de la transition version Chaud-NDD de 2010-2013. Une prouesse, selon Maïmouna Youmbouno, vice-prési du CNT version Dansa Courroux-mât : « Hadja s’est révélée sur le plan national et international, comme porte-flambeau des mouvements syndicaux… Aujourd’hui, les travailleurs et travailleuses de Guinée sont sevrés de leur camarade, de leur sœur. Au nom des membres conseillers nationaux, nous vous rendons un hommage mérité pour tous les services rendus, notamment la Constitution de 2010 que vous avez eu à valider ».

Pour sa famille, la Rabi Sérah, n’avait que la Guinée comme préoccupation : « Elle a servi ce pays avec abnégation et compétence, ce qui lui a valu la confiance de l’Afrique. C’est pourquoi elle fut la première femme secrétaire générale de la plus grande centrale syndicale de la Guinée. Va en paix ! Maman, femme digne !», témoigne Ibrahim Henry Faques, un de ses fils.

L’ancienne prési du Conseil économique social laisse derrière elle un mouvement syndical qui peine à parler d’une seule voix. Thierno Maadjou Diallo appelle ses camarades à pérenniser les acquis : « Les travailleurs et travailleuses de Guinée sont aujourd’hui sevrés de leur camarade, de leur sœur, de leur leader qu’on appelle affectueusement, la maman des travailleurs. Il nous revient, nous classe ouvrière guinéenne, de pérenniser judicieusement ses acquis et garder toujours haute, la place du mouvement syndical ».

Rabiatou Sérah Diallo s’est notamment distinguée pendant les mouvements sociaux entre 2006 et 2007. Elle a, avec feu Ibrahima Fofana, tenu tête au pouvoir d’alors en menant une grève générale et illimitée pendant des semaines. Elle a même été arrêtée le 22 janvier 2007. L’ire des grévistes est montée crescendo. Le prési Fory Coco cède à la pression et nomme un Premier ministre de consensus, Lansana qui s’est révélé un Kou-raté.

La Rabi Sérah Diallo avait 73 ans, elle laisse derrière elle six enfants et repose désormais au cimetière de Kameroun.

Yacine Diallo