Le procès d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Saïkou Yaya Barry a connu son épilogue ce 13 juin, au tribunal correctionnel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Les responsables du FNDC et le secrétaire exécutif de l’UFR ont été purement et simplement acquittés. Le juge, Kabinet Keïta, a estimé que les prévenus ne se sont pas rendus coupables des infractions qui leur sont reprochées. Ils les a donc renvoyés des fins de la poursuite, pour ce qui est de chefs d’inculpation de « provocation directe à un attroupement non armé, complicité de coups et blessures volontaires, destruction de biens publics et privés ». Il invite le ministère public et la partie civile, Sékou Kallo, à mieux se pourvoir.

Une victoire pour le collectif des avocats du FNDC : « C’est une lueur d’espoir pour les militants de la démocratie et pour le pays. Condamner des gens comme Ibrahima Diallo, Foniké Menguè…serait de mettre en prison des icônes. Cette décision vient mettre en évidence le fait que c’est une détention arbitraire que nos clients ont subi. Sinon, nous savons tous qu’ils militent pour une Guinée meilleure. Je pense qu’on ne saurait faire la voix des sans voix », déclare Maitre Halimatou Diallo.

La peine ne satisfait ni les parties civiles ni le parquet. Ils estiment que la décision prononcée est en décalage avec la réalité du dossier. Ils n’ont notamment pas digéré le fait que le juge ne les ait pas suivis dans leur demande de requalification des faits. Le procureur, Abdoulaye Babady Camara, explique : « Nous avons la possibilité d’user des voies de recours, nous l’étudierons. Nous avons demandé la requalification des faits parce que les prévenus ont reconnu être les organisateurs de la manifestation, mais le tribunal est souverain. Nous étudierons la possibilité de faire appel». Bernard Saa Millimouno, avocat de la partie civile s’étonne non seulement de la décision, mais aussi de la façon dont le juge a géré le dossier : «Nous avons du respect pour les décisions de justice, mais nous ne sommes pas d’accord. Elle ne répond pas aux faits du dossier. Elle ne respecte pas la loi. Le juge renvoie les prévenus des poursuites pour le chef d’inculpation de provocation directe d’un attroupement armé. Ils ne sont pas poursuivis pour ces faits. Le juge ne s’est même pas prononcé sur nos demandes de requalification des faits. Autre problème, nous avons reçu le dossier à un jour de l’audience, nous avons demandé le renvoi, le juge n’en a pas voulu. Nous allons rendre compte à qui de droit et voir si on va interjeter appel».

Foniké Menguè, lui, se tourne déjà vers la suite du combat : «On nous a emprisonnés pendant près de dix mois pour rien. C’était une prise d’otages. Le juge a eu le courage de dire le droit. Le combat continue jusqu’à la victoire finale. Nous ne reculons jamais, parce que nous avons une mission. Cette mission, c’est la victoire de la démocratie».

En attendant, le coordinateur national du FNDC, malade, annonce qu’il pourrait très bientôt sortir du pays pour aller se soigner, si le CNRD l’autorise.

Yacine Diallo