Le procès d’Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre, s’est poursuivi ce 17 juillet, par devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). L’accusé a brillé par son absence à la barre, pour la énième fois. N’empêche, la Cour décide de la tenue des plaidoiries et réquisitions, le 20 juillet.
Ibrahima Kassory Fofana est poursuivi par le parquet spécial pour des faits présumés de détournements de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. A l’audience de ce lundi, les débats ont porté sur le procès-verbal du transport judiciaire de la Cour, le 11 juillet, à la clinique Pasteur, où l’ancien Premier ministre a été entendu brièvement.
D’entrée, le procureur spécial de la Crief, Aly Touré, déclare avoir été surpris, après le passage de la Cour à la clinique, de la réaction des conseils d’Ibrahima Kassory Fofana. Il les accuse de travestir la vérité, disant que leur client ne parlait qu’avec le gestuel. « Il est incongru de leur part de tels propos. C’est un constat amer. »
Le président, Francis Kova Zoumanigui, invite les parties à ne pas se laisser émouvoir par les bruits de la cité. « Nous demeurons sereins, nous cherchons à appliquer les textes de loi, rien que cela. Nous avons pris le soin d’adresser nos salutations chaleureuses à monsieur Ibrahima Kassory Fofana lors de notre transport judicaire à la clinique Pasteur. Il a parlé de manière audible. »
«Il n’était pas en réanimation »
Contrairement à ce qu’invoquaient ses conseils, le président Francis Kova Zoumanigui déclare que l’ancien Premier ministre n’était point en réanimation, mais il se trouvait dans une salle d’hospitalisation contenue de deux lits. « M. Fofana a clairement dit : ‘’monsieur le président, envoyez-moi à l’extérieur !’’. Tout le monde l’a entendu. Son sérum (perfusion) ne bougeait pas, aucune goutte ne tombait. Nous l’avons constaté ».
Aly Touré répond : « Sa non comparution n’est pas due à sa maladie, c’est un refus délibéré de sa part. Il a déjà affirmé dans une tribune qu’il ne comparaîtra pas devant une juridiction guinéenne. Son absence à la barre n’est qu’une mauvaise foi. »
Me Amadou Baben Camara, de la partie civile (agent judiciaire de l’Etat), s’est aligné derrière la position du parquet. «Ibrahima Kassory Fofana est un patient qui peut comparaître. Ses astuces ne doivent pas emporter la Cour, c’est un refus catégorique de sa part de venir à la barre. C’est un affront. »
Contre-expertise et évacuation sanitaire
Le parquet et la partie civile se sont opposés à une contre-expertise sanitaire proposée par la Cour sur l’état de santé d’Ibrahima Kassory Fofana. Une contre-expertise est «inopportune », estime le parquet. C’est « une perte de temps, il ne faut pas qu’il continue à jouer à son jeu », soutient, la partie civile.
Concernant l’évacuation sanitaire formulée expressément par Ibrahima Kassory Fofana, la partie civile redoute un manège de quitter le pays. « Nous vous demandons de rejeter la demande ». Le procureur Aly Touré enfonce le clou : « Il n’a qu’à d’abord finir avec la justice, avant d’aller se soigner. Pour le moment, il est sous le coup de la procédure. Il a une double nationalité : guinéenne et américaine. Une fois hors du pays, vous ne le reverrez plus en Guinée », prévient-il.
Finalement, l’audience a été renvoyée au 20 juillet, pour réquisition et plaidoiries, à la demande des parties.
Yaya Doumbouya