Le 16 juillet, dans un réceptif de la place, l’Alliance pour la République a lancé officiellement ses activités. Les responsables de cette nouvelle structure politique annoncent vouloir se démarquer de celles qui « polluent » déjà l’échiquier politique guinéen.
Clap de fin pour Pépé Francis Haba et compagnie au sein de l’Alliance nationale pour l’Alternance et la démocratie (ANAD). Les désormais ex lieutenants de Cellou Dalein Diallo décident de ne plus être « remorqués ». Ils viennent de lancer avec tambours et trompette l’Alliance pour la République (APR). Cette alliance qui se veut électorale, regroupe une dizaine de partis politiques dont six transfuges de l’ANAD de Cellou Dalein Diallo. Elle se donne pour ambition de rassembler les Guinéens, de participer aux prochaines échéances électorales et de les remporter afin « d’exercer le pouvoir au bénéfice des populations ». Mais l’APR cherchait surtout à se sortir à n’importe quel prix du carcan de l’ANAD pour, dit-elle, faire face à la souffrance de la Guinée : « Nous nous proposons de soigner le pays et de le mettre débout. L’APR se veut une alliance responsable qui propose des solutions aux problèmes de fond dont notre nation est confrontée », déclare Pépé Francis Haba, coordinateur national de l’APR.
Il se murmurait depuis des jours que les autorités de la transition, le Premier ministre, Bernard Goumou en tête, pistonneraient cette alliance pour déplumer l’ANAD et Cellou Dalein Diallo. Pour Pépé Francis Haba, il n’est pas exclu que son bloc politique soutienne la transition : « L’avènement du CRND a suscité un immense espoir au sein de la classe politique guinéenne. A ce jour, tout n’est pas rose, mais faut-il demeurer dans la contestation éternelle ? Nous disons non. Cette transition offre une opportunité à toutes les générations confondues de revisiter le passé, de se donner les mains pour construire le présent et préparer l’avenir ». C’est pourquoi, dit, le leader, l’UGDD (son parti) veut rejoindre le cadre du dialogue « pour le retour paisible à l’ordre constitutionnel. Nous demandons nos collègues qui ont hésité à la dernière minute d’être courageux, de prendre leur destin en main pour nous rejoindre. Nous invitons le CNRD et son gouvernement de réunir les conditions de notre participation au processus de dialogue en cours ».
Mais avant, l’APR voudrait s’assurer du respect du calendrier électoral convenu avec la CEDEAO, la rédaction d’une Constitution qui garantit la séparation des pouvoirs, qui est acceptée de tous, « qui verrouille systématiquement la limitation des mandats présidentiels ». L’APR veut aussi un organe mixte, autonome et indépendant pour la gestion des élections, un Code électoral clair et sans équivoque, la révision du fichier électoral de 2020…
Un poignard dans le dos pour Dalein ?
Ces départs de l’ANAD sont perçus par certains comme une trahison vis-à-vis du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo. Ils accusent les responsables de cette coalition de flirter avec le CNRD au moment où il crée tous les ennuis du monde au leader de l’UFDG. Pépé Francis Haba ne cache pas son amitié avec le PM, mais réfute toute connivence : « Nous avons refusé l’or pour nos familles. Tout le monde sait que les députés de 2020 ont été cooptés, nous avons refusé cela pour suivre nos convictions. J’aurais pu aller aux élections sans Cellou Dalein. Je n’ai trahi personne, il n’y avait aucun pacte entre l’ANAD et moi. Nous voulons maintenant parler en notre nom. Que les gens ne pensent pas que nous travaillions pour le président Cellou ».
Yacine Diallo