L’arrêt rendu par la Cour suprême dans le dossier qui oppose le parquet spécial près la CRIEF à Mohamed Diané continue de faire couler encre et salive. Pour y voir plus clair, Aly Touré introduit à nouveau auprès de la plus haute juridiction du pays une requête aux fins d’interprétation.

Contre l’ordonnance de mise en liberté rendue en faveur de Mohamed Diané par la chambre spéciale de contrôle de l’instruction, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) s’était pourvu en cassation pour obtenir l’annulation de la décision. Aly Touré comptait ainsi sur la Cour suprême pour continuer à garder l’ancien ministre de la Défense en détention, pour des faits présumés de corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux. Le 25 juillet dernier, la Cour suprême a jugé le recours « sans objet », ouvrant ainsi la voie à diverses interprétations.  La défense de Diané estime que son client devait désormais sortir de prison, alors qu’Aly Touré jure que l’arrêt de la Cour suprême maintient le prévenu en détention. Mais pour avoir le cœur net, le procureur spécial saisit à nouveau la Cour suprême pour lui demander d’interpréter explicitement le contenu de son arrêt : « Attendu que l’arrêt du 25 juillet est mal interprété ou confus pour certaines parties à cette incidence, qu’il convient, dans l’intérêt de la loi et pour une lecture sans équivoque de l’arrêt indiqué, d’entreprendre un autre arrêt à l’effet d’interpréter le dispositif de l’arrêt n°008, vu l’article 98 de la loi sur la Cour suprême, le parquet spécial requiert qu’il plaise à monsieur le président de la première Chambre pénale de la Cour suprême, ainsi que les hauts magistrats formant cette Chambre d’entreprendre un arrêt interprétatif de l’arrêt n°008 en date du 25 juillet 2023 et ce, dans l’intérêt strict de la loi».

Les avocats de Mohamed Diané, eux, sont sans équivoque : Aly Touré est en train de jongler pour garder leur client en prison. Ils n’excluent même pas de le poursuivre : « Nous considérons que notre client est en détention arbitraire et nous allons tirer des conséquences de cet état de fait. Le procureur étant justiciable, nous n’hésiterons pas à le citer devant les tribunaux compétents en la matière, parce qu’il est justiciable comme tout le monde. C’est une détention arbitraire. Nous savons que c’est un dossier politique mais nous allons saisir le ministre, non pas de la Justice, mais celui des Droits de l’homme», déclarait récemment Me Almamy Samory Traoré.

Yacine Diallo