Le CRND a décidé de faire main basse sur les Conseils de quartier et de district. Le 9 août, presqu’à la surprise générale, le colonel Mamadi Doum-bouillant a pris un décret pour supprimer l’élection des chefs de quartier et de district. Il donne maintenant les pleins pouvoirs aux Gouv de régions de parachuter qui ils veulent. La décision fait l’unanimité contre elle. Acteurs politiques, gens de la société civile pro ou anti junte, tous dénoncent une mesure unilatérale et antidémocratique.
Des politicards y voient d’ailleurs une manœuvre de la junte militaire pour s’éterniser au pouvoir : « Nous sommes en train de passer à côté. Si on voulait instituer un système démocratique, on ne devrait pas parler de nomination. Ce sont les populations à la base qui savent qui peut bien s’occuper de leurs problèmes. Même du temps du PDG, les chefs de quartier étaient élus. C’est une façon pour le CNRD de mettre la main sur tout le système afin de confisquer le pouvoir. Ils sont en train de préparer leur base », déclare Edouard Zoutomou Kpoghomou, prési de l’Union démocratique pour le renouveau et le progrès, UDRP. Pour l’opposant, la junte militaire a changé de préoccupation. En lieu et place d’un retour à l’ordre constitutionnel, elle se consacrerait désormais à installer une dictature : «La transition a basculé complètement, elle sort de son cadre qui est le retour à l’ordre constitutionnel. Que le CNRD se mette à nommer des gens même à la base, il peut aussi se permettre de nommer des gens à l’Assemblée nationale. C’est un début de dictature. La transition devait se cantonner à l’organisation des élections et laisser la gestion du pays à qui aura la confiance du peuple de Guinée».
Le mystère de l’Administration du trottoir et de la Décentralisation a justifié la décision par la volonté des autorités de la transition d’améliorer la « gouvernance locale et de rapprocher les gouvernants des gouvernés. » Mais Mory Con()dé ne convainc même pas les soutiens de la junte : « Le fait de faire des quartiers et districts des sections du gouverneur sape la démocratie à la base. Ces élections doivent refléter la vigueur de la démocratie. En tant que telle, elles doivent être non partisanes », explique le Faya du Bloc libéral. Il craint désormais que ce décret ne soit une façon de montrer « la face cachée de la refondation ».
Yacine Diallo