La Coordination nationale des enseignants contractuels de Guinée (CNECG) a tenu une assemblée générale extraordinaire samedi 26 août. La rencontre a mobilisé une centaine d’enseignants à l’école primaire de Yimbaya – Tannerie (Matoto). Neuf mois d’arriérés de salaire et l’intégration à la fonction publique sont leurs principales revendications. Ils menacent de boycotter la rentrée scolaire 2023/2024.
Ils sont au moins 20 000 enseignants contractuels qui donnent des cours à travers le pays. Ils se qualifient : « Frustration et découragement ». Leur syndicat participe aux négociations avec les autorités pour une solution à la crise, mais les enseignants, eux, continuent à exprimer leur mécontentement sur le terrain. A l’assemblée générale du 26 août, ils n’ont eu de cesse de dénoncer « des tentatives de manipulation du gouvernement ».
Ils sont venus de Labé, Siguiri, Kankan et du Grand-Conakry. Ils ont scandé des slogans du genre : Vive l’intégration des enseignants contractuels à la fonction publique ! A bas l’injustice ! A bas la démagogie ! A bas le concours de recrutement ! Vive le paiement des arriérés de salaire ! A bas la trahison ! Ensemble, nous vaincrons.
« Pas de concours »
Coordinateur régional des enseignants contractuels de Kankan, Laye Camara est prêt à se battre. Il demande juste l’union de ses confrères. « Si nous parlons d’une même voix, je suis sûr que ceux qui pensent décider à notre place se plieront à nos exigences ». Il ne veut pas de recrutement à la Fonction publique locale annoncé par le gouvernement, si celle-ci n’est pas bien ficelée ou n’intègre pas toute la corporation. « Nous voulons une intégration qui relève du ministère de la Fonction publique ».
Pour Mamadou Cellou Diallo de Labé, il est hors de question que les enseignants contractuels passent par un concours pour accéder à la Fonction publique. «Le gouvernement dit que, selon la loi, pour être recruté à la fonction publique, il faut passer par un concours. Mais aucune loi n’a dit qu’il faut employer des gens pendant une année sans les payer ». Pour lui, le paiement de l’intégralité des arriérés de salaire et des primes d’incitation doit être à la base des négociations. Il ne veut pas être payé par tranche et rêve d’être à la fonction publique avant l’ouverture des classes prévue en octobre prochain.
Trop, c’est trop
Alseny Mabinty Camara, coordinateur national des enseignants contractuels, a compris la politique de « diviser pour régner du gouvernement qui balance des promesses qu’il ne respecte jamais ». Pour prouver la force de ses collègues, il déclare qu’il y a des lauréats aux examens nationaux qui ont été enseignés par les contractuels. Il s’interroge : « Est-ce que l’éducation est une priorité en Guinée ? » Il ne comprend pas que le gouvernement puisse parcourir toute la Guinée, pour faire le diagnostic, savoir qu’il y a un manque criard d’enseignants dans les écoles mais reste bras croisés. « Il met en place une politique pour amadouer les jeunes diplômés. Depuis 2018, on nous sert le même discours, nous demandant de patienter, nous jurant de traiter notre dossier ». Mabinty Camara exhorte ses camarades à continuer la lutte et à ne plus accepter les manipulations. « On a été trop manipulés, ça ne marchera plus. Le gouvernement doit savoir que nous sommes déterminés ».
Les quatre structures syndicales de l’éducation étaient présentes à cette assemblée générale extraordinaire. Elles ont promis de se battre près des contractuels, jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat national des enseignants a invité ses mandants à ne pas perdre espoir. Il estime à plus de 30 000, le nombre d’enseignants dont le pays aurait besoin pour combler le vide du secteur éducatif. À la table des négociations, il aurait invité le gouvernement à sursoir au « soi-disant concours », passer en classe, contrôler les qualités didactiques et académiques des contractuels.
Le 24 août, un compromis avait été annoncé à la négociation tripartite pour le cas des enseignants contractuels. Le concours pourrait bien avoir lieu, mais la date ne convient pas. Balamou explique : « Ils ont dit qu’ils vont reporter la date. Nous avons exigé à ce que ce fameux concours ait lieu avant le 30 septembre, si ce n’est pas dans cet intervalle, nous ne serons pas d’accord. Ils ont dit qu’ils iront pour une histoire d’identification sur le terrain avant d’organiser le concours en décembre ».
Impossible pour les contractuels qui ne comptent pas reprendre les cours avant leur intégration à la fonction publique. Ils promettent d’aller voir le Premier ministre et le Président de la transition et leur demander de sauver l’école guinéenne.
Abdoulaye Pellel Bah