On se souvient qu’à la fin de l’année 2022, le chef du gouvernement avait saisi chacun des Ministres, Ministresses et Ministrons de deux papelards gravissimes, à savoir une lettre de mission et un contrat de performance. A travers ces papelards, ces dames et messieurs qui nous gèrent, juraient, la main sur le palpitant, d’atteindre un certain nombre de cibles.

Depuis, tout naturellement, chacun s’est mis à la tâche, arcbouté. Certains, se souvenant de la fourmi, n’ont dormi que d’un œil. Ils ont fouiné, flairé, voire flâné pour parvenir aux fins visées. D’autres, au contraire, comme la cigale, ont préféré se prélasser, s’égayer, se divertir, amuser la galerie. Il y a deux semaines, est tombée la date fatidique. Et ces augustes serviteurs de l’Etat en ont eu pour leur colt. Ceux qui ont eu le sommeil léger ont eu des notes lourdes ; ceux qui ont eu le sommeil lourd ont eu des notes légères. Le populo ne moque-t-il pas nos amis Chinois en parlent de « petit argent petit travail ? »

A la sévérité des notes, on conclut à la non-complaisance de l’évaluation. Chacun a récolté ce qu’il a semé. Les ministres et leurs ouailles ont été jaugés de 0 à 82. Vous n’êtes pas dur d’oreilles, ni atteint de strabisme ! Un Ministre et tout son département ont bel et bien obtenu zéro ! Quelle infamie ? Qui pouvait croire qu’il y avait un toto dans la stratosphère de notre gouvernance ? Comme quoi, toto n’est pas totalement bête. Il peut se débrouiller, se tirer d’affaires.

Cet épisode de l’évaluation fait couler salive et encre un peu partout dans le bled, sous les chaumières et chez les châtelains. N’a-t-on donc rien fait dans ce département ? On n’y a certainement pas suffisamment évalué les facteurs favorables/défavorables à la réalisation de la performance contractuelle. On a surestimé ses forces et bombé le torse.  Mais l’évaluateur, lui, ne s’est guère laissé impressionner. Et flop! La sentence est lourdement tombée, pareille à un couperet. Exactement comme lors des examens scolaires nationaux. Les candidats studieux et appliqués ont été récompensés ; ceux qui sont fainéants et désinvoltes ont été sanctionnés.

Cette évaluation qui sanctionne l’exécution du contrat de performance entre le Premier ministre et ses ministres a le mérite de révéler que même à la cime de l’Etat, il faut faire montre d’humilité et non de suffisance et de condescence. On doit toujours s’interroger et se dire « que sais-je ? » Car, ce que l’on sait et que l’on a exploré n’est qu’une étroite prairie dans une forêt infiniment grande. S’il y a une leçon de morale à tirer de cet exercice d’amélioration de la bonne gouvernance, c’est d’éviter de s’assoupir sur ses lauriers, si on en a déjà.

La poursuite de cette initiative pourrait être, si elle est toujours conduite avec l’efficacité requise, un moyen d’amélioration de la performance de notre administration dont la compétitivité bien médiocre, est un gourd pour le développement socioéconomique du bled. Ainsi, choit-il !

Abraham Kayoko Doré